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Edito de Avril 2019

L’Edito d’Anne

 

Avril

Pas d’Edito, pas de mots, pas de textes ajoutés au site depuis février… que se passe-t-il ?

Seulement le printemps, la vie, l’humeur vagabonde, légère et nonchalante, les floraisons multiples, « émerveillantes », l’oubli de la discipline… et aussi un « travail » qui s’accomplit en sourdine et s’inscrit en filigrane, quasi invisible : des textes à lire et relire, à mûrir, à feuilleter, découvrir et redécouvrir, des documents à classer, une expérience à penser, celle de l’association, son pas à pas, vers où … ?, le film à terminer…

Dans toutes ces nécessités, je privilégie la rencontre… et la Rencontre, ça prend du temps !

Le film, MEMOIRES VIVES EN DRÔME DES COLLINES, sera projeté à St Avit le 18 mai à 18 H, à la Bibliothèque Anne Pierjean-Robert.

Filmé en mars 2018, entre documentaire et récits de vie, il s’inscrit simplement dans cette ligne de mémoire, tendue comme un fil (ténu, fragile et puissant) du passé jusque vers nous et au-delà, sur lequel on marche peut-être, comme des funambules, sans s’en rendre compte…

Il est fait d’une rencontre où les histoires se sont partagées et fondues. D’anecdotes en menus faits, ça ricochait d’une mémoire à une autre et chacun savait ce dont l’autre parlait…
Et c’était comme si, spontanément, ne restait que la bonne humeur.

Qu’y saisit-on ?
Que sait-on de cette musique du temps qui souffle entre les êtres, les fait parler, par moments, même langage, l’un finissant la phrase de l’autre… ?
Que garde-t-on de ces mouvements d’être solidement engrangés, égrenés, partagés, associés, reconnus… ? de ces fragments de vie qui ne s’éparpillent pas mais se retrouvent… ?

Pour monter le film, on a dû couper le tumulte des voix superposées, croisées, emmêlées, rebondissant joyeusement aux mêmes évocations et souvenirs, on a dû réduire ce qui aurait empêché la compréhension … pourtant, le plus beau, peut-être, le plus touchant, et le plus mystérieux aussi, a été ce brouhaha spontané ! Tous ont immédiatement oublié caméras et micros pour se lancer dans les souvenirs, s’immerger, se retrouver dans l’évocation de ce temps et de cette terre …
car c’est de la terre dont on a parlé, et des animaux et des hommes, dessus, dedans … la terre, fond d’identité et d’appartenance… ses senteurs et ses clameurs, ses respirations, ses mots, ses rites, ses codes, sa pratique, ses savoirs, ses exigences et ses puissances.

Au fil de ces dernières années, de rencontres en rencontres, à l’occasion des lectures faites et de mes passages dans le village de St Avit, saisir ces témoignages d’un temps, à la fois proche et très lointain, d’avant 1950, s’est imposé…

Comme s’impose de le présenter d’abord au pays d’où il vient.

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l’actualité c’est aussi une participation à la formation des animateurs de centres d’accueil d’enfants, le 15 avril au Lycée Montplaisir à Valence.

Occasion de partager, réfléchir ensemble autour de comment encourager le goût de la lecture chez l’enfant. J’y apporterai les réflexions d’Anne Pierjean sur sa conception de l’écriture pour et avec les enfants. Elle a laissé de nombreux articles ettémoignages à ce sujet.

Elle disait ne pas pouvoir écrire sans la rencontre avec les enfants.

A bientôt!

Anne G

* * * * * * * * * * * * * * *

Calendrier 2019

2019

Avec un peu de retard, une première esquisse du calendrier 2019, même si certaines dates sont encore assez floues, cette année sera encore bien occupée
Un nouveau  texte inédit de Anne pierjean : la Bastelle est en ligne sur ce site
Un projet de lecture suivi d’un repas au restaurant le kezaco à Crest, très prochainement
Le film tourné à Saint-Avit y sera présenté au printemps
une lecture à Eurre est aussi en projet pour mai-juin
Le samedi 28 septembre, date est retenue pour un évènement à Saint-Avit (marche, pique-nique, lectures) dans les lieux d’enfance de Anne Pierjean est programmé

CR de l’AG du 8 février 2019

  COMPTE RENDU de l’ASSEMBLEE GENERALE

du 8 février 2019

 

Présents : Anne Grangeon , Hélène Legay , Laurence Acoulon, Véronique Sibille, Dominique Alphonse, Yves Mengin , Elisabeth Voreppe, Renée Lidin , Roger Amblard, Maryse Amblard

Excusés : Hélène Gaud, Sylvie Menudet, Ghislaine Beaumont-Chancel , Alain Nesme , Claude Cailleau , Marie-Hélène About , Hélène Minair, Etienne Legay, Yolande Versier , Danièle Stival, Rina Santoro, Marie-Agnès Sonzoni , Michel Blanc, Jean-Michel Grangeon , Raymonde Pieters, Louis Pieters, Nahn Nguyen

Bilan moral :

Après avoir ouvert la séance, Anne Grangeon fait un exposé détaillé des actions de l’association au cours de l’année 2018.

Tout d’abord « Anne des collines », récit de l’enfance et de l’adolescence d’Anne Pierjean  a été mis en ligne et peut être consulté par tous les adhérents .

Des lectures ont été organisées tout au long de l’année :

– en mars à l’occasion de la Journée de la Femme , chez Hélène Gaud ( Cie Zazie7) : un passage « de l’instant exact » et des inédits autour de la condition des femmes,

– à la bibliothèque de Montoison : « le rosier d’Aurélie » par Christine Malet, de la compagnie Zazie 7 et  des passages de « Jean de Bise »

– à La Maison de Mirabel en juin , sur le thème de la guerre , des extraits de « Le temps de Julie » et de « Loîse en sabots » ont été lus par Elisabeth Voreppe, Nathalie Alexandre et Dominique Delhaye de la compagnie Les Alexandrains.

– Pendant les 2 semaines de l’exposition Turbulence des Arts en juillet,à la Chapelle des Cordeliers : des lectures diverses ont été proposées tous les soirs ainsi que la lecture suivie de « Marika » et de « Jean de Bise, qui a captivé un jeune public

– En septembre une rencontre a été organisée à St Avit : balade du village jusqu’à la rivière et pique-nique/lecture au bord de la Galaure sur les lieux où Anne Pierjean a passé son enfance : lectures de passages de « Paul et Louise » accompagnés par le violon de Lucien Peyremorte.
En fin d’après-midi : une projection du film : « Mémoires vives en Drôme des Collines », témoignage d’un habitant du village
« Lucien, le vieil homme qui se souvient ». La suite du film est en cours de montage.

– En octobre, une soirée à la bibliothèque d’Allex : extraits pour enfants et adultes, édités ou inédits.

Rappelons : le film de Jacques Mouriquand , tourné et mis en ligne au printemps, sur la vie et l’œuvre d’Anne Pierjean, à voir sur internet : sur Vidéos val de Drôme : « Anne Pierjean, l’instit’ qui racontait la campagne aux enfants »

Par ailleurs, à la suite de la lecture faite à Mirabel, « Les guerres ont fait des trous », Anne Grangeon a été invitée, comme représentante de l’association, à l’hommage rendu à Nancy Bertrand, résistante assassinée en août 44, puis à la journée de commémoration de la fin de la guerre de 14-18 au Domaine Revol à St Uze, où était présenté une exposition remarquable.

Enfin, l’association a été présente, pour la première fois, au Forum des Associations de Crest

Ces actions ont été approuvées à l’unanimité des personnes présentes.

Bilan financier :

L’association comptait 27 adhérents en 2018

Il y a actuellement 1117.16€ en caisse.

Au 1er janvier 2018 le solde était de 661.73€.

Les recettes : 662.30 : cotisations :310€, vente de livres 140.50€, recettes des « chapeaux » lors des lectures :211.80€

Les dépenses : 206.87€ : frais de tenue des comptes, achat de livre pour l’association, renouvellement du site, cotisation à Turbulence des Arts …

Ce bilan a été approuvé à l’unanimité des personnes présentes.

 

Perspectives 2019 :

N’oublions pas que le but de l’association est de faire publier certains écrits dont « Anne des Collines » et « La Bastelle » .

Anne a eu un contact avec un éditeur « entre-temps éditions », lors de la journée à St Uze, à suivre …

Par ailleurs « La Bastelle » sera mise sur le site, au même titre que « Anne des Collines » .

Un travail d’archivage de documents va être entrepris en collaboration avec Marie-Agnès Sonzoni.

Les lectures 2019 seront surtout centrées sur l’écriture de la maturité («  L’Instant Exact » , « La Sente Terminière « et des inédits destinés aux adultes. Les lieux et dates sont à déterminer (la première sera sans doute au restaurant le Késaco )

Sans oublier les œuvres destinées aux enfants, en collaboration avec la bibliothèque d’Eurre (proposition de Laurence), l’école Anne Pierjean … toutes suggestions sont les bienvenues.

Véronique propose des actions au niveau collège ( Chabeuil ), et contact avec le Conseil Communal de l’Action Sociale .

Une projection du film complet «Mémoires vives en Drôme des collines»  aura lieu à la bibliothèque Anne Pierjean de St Avit en mars ou avril.

Toutes les dates seront précisées sur le site :
pensez à le consulter de temps en temps car des textes d’APJ y sont mis en ligne au fil des re-découvertes ainsi qu’un Edito mensuel qui fait le point de l’actualité de l’association.

In fine, l’association décide de contribuer au financement participatif lancé par Vidéos Val de Drôme, ainsi qu’à celui des Amis du vieux Crest pour la restauration de la Chapelle des Cordeliers (50€ à chacun).

Le nouveau bureau :

Présidente : Anne Grangeon

Trésorier : Roger Amblard

Secrétaire : Hélène Legay

Secrétaire adjointe : Maryse Amblard

 

Anne Grangeon clôt la séance et remercie toutes les personnes présentes ainsi que celles qui se sont excusées.

Edito de Février 2019

Février

Ailleurs, ce sera bientôt le Nouvel An.
Ici, ce seront bientôt les amandiers en fleurs.
Ma vie dans le Sud m’a appris à guetter les premières fleurs dès fin janvier.
Ici, je dois réfreiner mon impatience.
Janvier 2003 a été le dernier mois de la vie d’Anne Pierjean.
Ce janvier 2019 a « effacé » son « petit » frère de cette vie.
Il a été serein et conciliant dans sa sente « terminière ».
Février fut le dernier mois de mon père, en 99.
L’hiver est tueur.
L’Association a pris vie dans cette période, pourtant, en 2017, et propose son AG le 8 février.
L’année 2018 a été riche en lectures publiques, en évènements et rencontres, à un rythme tranquille … jalonnée de beaux moments, petits challenges et témoignages de reconnaissance d’une vie et d’une œuvre.

Le trésor, qui est sans doute passé un peu inaperçu, a été la mise en ligne sur le site de l’association d’un manuscrit d’Anne Pierjean, inédit : « Anne des Collines », récit autobiographique.
J’ai souvent fait lecture de passages de ces souvenirs d’enfance et d’adolescence en Drôme des collines : les mémées et pépés conteurs, le pouvoir d’accueil d’un village, la mort d’un père, la vie d’avant, la vie d’après, ses vibrations, turbulences et résonances, … vous en avez désormais l’intégralité en ligne.

Que sera 2019 ?
Une année d’approfondissement, un hommage à l’écriture de la maturité… après ces deux années de vie, je place en exergue cette phrase trouvée dans les notes personnelles d’Anne Pierjean « l’écriture m’est souffle »*.
Je souhaite des occasions de lectures des textes pour adultes, édités ou inédits, un partage de cette sensibilité d’écriture, vivante, respirante, rythmée, cadencée, inspirante, porteuse, rejoignant émotions et souffle, tendresse, amour, idéal et goût d’être.
Les mots laissés, épars ou aboutis, lancinants, obstinés, ont témoigné, transmis, œuvré… Jalons de survie, pierres du gué, impératifs, ils se sont assemblés, dépouillés, décantés, affutés, ciselés, martelant de poésie et de joie le déroulé d’un chemin de vie confiant, au-delà de tout, en la créativité et au pouvoir des mots.
La vie qu’ils ont dite, observée, transcrite, transposée, avec lucidité et acuité, le balan du pas des générations s’enchaînant, les épreuves traversées et non tues, glissées dans les interlignes, comme les bonheurs qui relèvent les défis… un souffle a traversé, qui continue de nous animer.
* Chaque année de l’association a été placée sous
un thème porteur:
Année 1 « Les mots sont une force et je l’ai su très tôt ».
Année 2 « En semant, semant… ensemencement ».
Année 3 « L’écriture m’est souffle »

 

Edito de janvier 2019

L’Edito d’Anne

Fin d’année...

Dormance de l’hiver… J’ai mis mes pas dans ceux de l’hiver, début décembre, entre les arbres et les arrangements du jardin, sans penser à écrire… tout juste concentrée… retrait des sèves, descente en temps souterrain.

Le solstice à peine passé, j’ai commencé à penser à la lumière de demain, qui viendra peu à peu (qui se souvient du proverbe ? « à la Ste Luce du saut d’une puce, à la St Antoine du repas d’un moine… »… j’y songe chaque année).

Bientôt résonnera « A l’an que ven »… le renouveau se prépare, germe et prend son élan… « et si nous ne sommes pas plus que nous ne soyions pas moins »…

Après octobre, lentement, l’association a pris ses positions de repos… Hivernage… j’ai même oublié l’édito de Décembre… oublié ! reflux des sèves pour une créativité montante, le moment venu, renouvelée en 19 … comme pour l’achèvement d’un cycle… ?

Trois ans de résonance à l’écriture d’Anne Pierjean, trois ans de rappels, lectures, tris, pensées, écrits… long hommage, longue mémoire,  qui peuvent préparer un autre habillage ?…

La robe couleur de temps ou la robe couleur de soleil. ?… Et si Peau d’âne m’était à nouveau conté, se heurterait-elle au « Loup marié » des grand-mères dauphinoises (via les aïeules transalpines ? si les recherches d’Anne Pierjean sur ce conte sont validées).

Aïeux ensemançant les terres, Aïeules en robes de pénitentes (comme les avait dessiné Anne Pierjean pour illustrer « la marche du temps ») … procession lente des mots au chemin du temps…

      A l’an que ven…

Entre deux fêtes, j’ai retrouvé ce conte de Noël, je vous l’offre :

                                                                     Premier Noël

Ce conte-là, elle le disait les yeux presque clos, la Mémée.

Elle parlait de Marion et de Jérôme, mais nous savions que la Marion et le Jérôme de son histoire c’était ces deux qui se tenaient la main dans le cadre entouré de fleurs d’orangers de sa chambre. Elle commençait toujours, très lente et recueillie, comme qui se souvient….

Il faisait bien trop froid pour que la neige tombe.
Les flocons essayaient pourtant, mais ils n’étaient, bernique, que grésil fin qui crépitait sur le sol dur.

Le vent s’en mêlait et piquait la peau à faire pleurer. Les oiseaux criaient à plein ciel et les vols de canards sauvages pointaient leurs flèches vers le sud. Le ciel bas se cassait de blanc au levant aigre.

Pas de redoux encore : on aurait un Noël sans neige.

Jérôme, au fond, s’accommodait du froid.

Il faisait des fagots juste à l’orée de la forêt et le vent se brisait le nez contre les arbres.

Et plus il faisait froid et plus sa cognée tapait dur.
A cette cadence forcée le fagotier montait très vite et Jérôme pensa qu’il pouvait sans tricher s’offrir une petite pause. Et il alla vers un pommier tout pomponné de gui dont il décrocha une boule.

Le gui était superbe. De grosses perles translucides dans l’hélice charnue de feuilles claires.

Et Jérôme en eut joie autant que d’un cadeau.

Il mit un brin à son bonnet et se dit : Bon Noël Jérôme. Il n’est pas de Noël sans vœux et qui les aurait dits pour lui ?

Deux parents, il en avait bien eu sans doute, mais de plus loin qu’il y pensait, il ne voyait, penché sur lui, que nourrices distraites.

Maintenant, il était placé.

Son vieux patron  -un solitaire qui avait enduré pis que pendre de l’existence- ne disait que les mots relatifs à l’ouvrage. Et encore les ronchonnait-il.  Pas méchant, non, mais des mots pour rien dire ?… Et puis la vie est dure. Alors rude à soi et aux autres, on tire, au même pas, le même joug – faisons ceci, cela et puis bonjour, bonsoir.

Ce soir, il y aurait la marmitée de soupe, et parce que c’était réveillon, un gibier à la broche, un pichet sur la table, et la jatte de crème fraîche, et les raisins fripés décrochés des solives avec encore leurs pampres verts.
Peut-être deux oranges ?
On mastiquerait plus longtemps.
Devant la cheminée on resterait un peu tard à tisonner les braises, muets… on finirait, peut-être, par parler des agneaux, des vaches, des cochons.
Et puis bonsoir, bonsoir.
Mais Bon Noël ? Pour certains mots, faut avoir l’habitude.
Et le patron comme Jérôme…
Pourtant, entre les deux, la bonne entente et de l’estime car le même goût à la tâche.

Jérôme revint vers le bois, retrouva sa cognée, sa pélerine sur le sol.
Et sous la pélerine, le petit panier blanc. Il sourit : le panier pour Marion.

Marion allait venir rincer le linge au lavoir de la source. (Elle viendrait, chaque matin c’est ainsi !).
La corbeille mouillée lui creuserait la hanche.
Ses sabots claqueraient, ses cheveux voleraient sous la pointe du fichu rouge. Un bonjour de la main sans arrêter la marche.
Et vite, elle plongerait le linge dans l’eau vive, le frapperait et le tordrait et reprendrait, dans un grand fracas de battoir.
De temps en temps elle mettrait ses doigts gourds au creux chaud de ses bras.
Et puis, elle reprendrait la tâche : l’eau qui gicle, les doigts gourds, l’eau qui givre, la main morte, le creux des bras, le vertige, l’eau qui gifle.

Nom de nom, un froid pareil ! …une vie pareille !… Marion qui jamais ne se réchauffe, tendue dans la bise, cela ne finirait-il jamais ?

Et puis, pour Marion, jamais de Noël non plus. La même enfance que Jérôme mais pas les mêmes patrons. Une maîtresse hautaine et dure, la belle dame des Landiers – D’abord, elle aussi, étant jeune, avait trimé au lavoir. Elle n’en était pas morte, à d’autres maintenant.
Et ce soir, il y aurait chez eux plein de beau monde.
Et Marion servirait, fourbirait, nettoierait.
Elle irait avec ses mains lasses, ses yeux trop grands, et ses hanches trop minces, ses longs cheveux nattés dans le dos jusqu’au nœud blanc du tablier…
Alors, de Bon Noël Marion…

Mais lui, Jérôme, y pourvoierait.

Depuis des jours et des jours qu’il pensait à Marion, le froid lui procurait un mal bizarre qui le piquait et le glaçait, même devant le feu, même sous l’édredon qu’il tirait jusqu’au nez dans son grand lit de chêne. Un froid qui le suivait partout et pouvait brûler comme braise.
Alors, Bon Noël Marion, il fallait que ce soit lui qui le lui dise. Et qu’il soit le premier.

Il avait bien souvent tenté l’approche, allumé un grand feu :
–  Tu viens te chauffer un moment ?
Marion jetait un coup d’œil sur le feu et regardait furtivement la ferme des Landiers . Cinquante pas l’en séparaient. Une portée de voix.
– Merci bien, faut que je me hâte.
Elle devait laver le linge. Si la maîtresse l’avait vue, elle qui défendait de parler aux garçons et Jérôme avait dix-neuf ans. Et elle lavait, frottait, tordait, se retournait parfois vers le petit feu rouge.

Jérôme cognait à grands coups de hache sans vouloir se chauffer lui-même. Alors, au retour, en passant, elle lançait :
– Merci Jérôme. Au revoir et merci encore.

Merci encore et de quoi ? Cent fois nom d’une pipe, il faudrait qu’il le lui dise son « Bon Noël, Marion ». Quelle sache enfin toutes ces choses douces qui lui fourmillaient dans le cœur. Et comme on était le 24 décembre, il ne pouvait plus différer d’un jour.
Quand il entendrait les sabots sur le chemin, il irait en porter deux bien chauds devant le lavoir.
Et puis, il reviendrait vite.

En arrivant, les doigts gourds, elle s’y réchaufferait. Quand les galets seraient froids, il en porterait deux autres…. Il y joindrait son cadeau… et  tous les mots doux qu’il avait au cœur.
Et il entendit, derrière les arbres, la sabotée attendue. Vite, vite, les galets chauds…
Marion apparût au détour d’un houx bien perlé de rouge.
Ses sabots claquaient, fouettant le froid d’une cadence rapide.
Ses cheveux flottaient, sortis du fichu de laine.
Elle avait noué son châle dans le creux du dos.
Son nez était rouge, sa hanche creusée par le poids du linge.
Pourtant, comme elle paraissait légère. Une fée sur le chemin, frêle, si fragile et blonde.
Jérôme arrondit ses bras : elle y tiendrait toute, elle et son gros châle et son grand jupon, son nez relevé et ses longs cheveux—elle et ses seize ans si frêles …
Elle était passée….
Jérôme laissa tomber ses bras et prit son panier.

Pendant tout cet hiver froid  -où son cœur battait jusque dans ses tempes— il avait tressé  un panier d’osier, blanc comme une amande fraîche.

Et puis, il avait compté ses sous et couru au bourg pour y acquérir une jupe de futaine, des bottes fourrées et un sac de papillotes.

Et parce que c’était Noël, il avait taillé lui-même deux grandes étoiles en papier d’argent et il les avait fixées au flanc du panier.

Entre les étoiles il avait écrit en lettres dorées « Bon Noël Marion », car la chose écrite demeure longtemps.

Marion arriva enfin au lavoir.
Elle y posa sa corbeille.
Deux pierres ? Que faisaient-elles là ? Elle les repoussa du plat de la main, mais …
Mais elles étaient chaudes ? Elle y appuya les doigts… Chaudes ! … Elle ne se trompait pas .
Elle en prit une contre elle et la serra sous son châle. Puis elle se tourna vers l’orée du bois, là où la cognée « écoutait » dans le silence depuis quatre ou cinq minutes.
– Merci bien, Jérôme.
Et elle quitta ses sabots et posa sur les galets ses pieds en chaussons de laine.

Une chaleur incroyable montait et l’irradiait. Et son cœur tapait si fort qu’elle l’entendait de partout.
Jérôme l’apercevait dans un écran de buée…
Puis des larmes dures piquèrent ses yeux.
Alors, il bomba le torse, toisa l’hiver et la vie, le cœur plein d’amour et plein de défi.
A trente pas du lavoir, il apercevait la belle ferme des Landiers.
La dame et le maître, et tous les enfants, s’en allaient en file indienne, santons en cape de drap et paniers aux bras pour les achats de Noël.
La porte d’entrée était bien fermée.
Noël s’était fait le complice de Jérôme : Marion était seule une heure.

Marion bousculait son linge, le frappait et le tordait avec des vigueurs nouvelles.
La bise semblait ramper à ses pieds, écrasée par les puissances qui rayonnaient des galets… La hache semblait attendre et ne cognait plus.
Marion n’osait pas écouter son bonheur grave, ni même se retourner -la joie que l’on rencontre soudain au détour d’une minute, peut-on y croire si vite ?
Alors elle tapait et tordait le linge.
Elle pleurait aussi avec l’envie de chanter.

Jérôme tenait son panier d’osier et il marchait vers Marion.
Ses deux étoiles brillaient comme de vraies étoiles.
Une épingle de soleil passa entre deux nuages et encensa le lavoir d’une gloire de lumière, comme en ont les crèches sur les cartes de Noël.
Jérôme, à pas de loup, se glissa derrière Marion
Elle n’entendait rien dans le fracas du battoir.
Allumés par le soleil, ses cheveux étaient de cuivre.
Parfois, elle s’arrêtait de bouger et regardait son visage danser dans l’eau claire.
Jérôme ne parla pas. Il éleva le panier pour que son reflet se pose tout près du reflet de son fichu rouge.

Marion ouvrit des yeux ronds… et elle se pencha sur l’onde.
Etait-elle malade ou avait-elle des visions ?
Des étoiles se baignaient en plein jour dans son lavoir ? Et elles trainaient en guirlande « Bon Noël Marion » ? (car, même à l’envers, ça pouvait se lire !).
Elle toucha l’eau de ses doigts. Et les étoiles plongèrent dans de grands remous qui s’élargissaient au bord de la pierre en mille lueurs dansantes.
Elle frotta ses yeux vigoureusement…
Puis elle frotta ses oreilles car elle entendait maintenant des voix…Mais elle comprit vite et ses chaussons pivotèrent sur les galets encore chauds. Elle ne rêvait pas. Jérôme était là, c’était vrai de vrai. Elle dit à son tour : Bon Noël Jérôme.
Puis elle sécha ses deux mains à son devantier, se hissa sur ses chaussons, et elle embrassa Jérôme sur une joue et sur l’autre.
Ensuite, elle prit le panier, le serra fort contre elle. C’était son premier Noël et elle l’avoua, des larmes givrant ses cils.

– Pour moi aussi, dit Jérôme, voilà mon premier Noël.

Elle n’avait dans sa poche qu’une pomme rouge et son mouchoir. Elle les lui tendit.
Le mouchoir était frippé comme une pivoine d’avril. La pomme portait la morsure de ses dents dans le creux d’une bouchée.
Et Jérôme prit la pomme et le mouchoir blanc.

– Maintenant faut que je rince.
– moi que je coupe mon bois.
Il fit deux pas pour partir et se retourna. Et tout ce qu’il voulait dire, il le lui cria :
– Bientôt, après mon service, tu n’auras plus jamais froid. Plus jamais, je te le jure. Est-ce que tu me crois ?
– Oui, Jérôme, je te crois.

Ils avaient repris leur tâche. Le linge volait. La cognait dansait. Le feu brasaillait. Le vent soufflait sur les braises, ressuscitait les étoiles : bleues, rouges et vertes, elles n’en finissaient pas.
Et le petit feu réchauffa le bois, le lavoir et les labours et toute la terre, et les choses du moment et celles d’avant et celles d’après.
Alors, l’air doucit.
La neige tomba…
Une vraie neige de Noël, calme et presque tiède…
Et sa blancheur incroyable nivela d’un tapis blanc les crevasses du chemin.

Chaque fois, à cet instant, la mémée fermait les yeux et déclarait l’histoire finie.
On lui laissait trois minutes de recueillement puis on s’indignait : on voulait la fin. Une fin précise. Avec des baisers sous une boule de gui, un voile blanc, une noce.
– Ils se sont marié ? dis-nous, ils se sont mariés ?
– presque tout de suite, grâce au patron de Jérôme. C’était un gars pas bavard mais il était bon. Et il n’avait pas de femme, pas d’enfant non plus (ils étaient morts de la peste. Ces choses là arrivent !).

Un soir, le patron avait remarqué avec un sourire :
– Je crois que tu regardes du côté de la Marion. Et qu’est-ce qui t’empêche d’aller aux Landiers ?
Ce qui empêchait Jérôme, c’était pas l’envie.
C’était les économies.
Et il en fallait pour se mettre en ménage. Et Marion voulait aussi se faire un trousseau.
Le patron bougon avait pris sa pélerine et tout en marchant, il se parlait à lui-même : la vie, y’avait pas à dire, faisait des choses stupides ! tout le trousseau de sa femme se ternissait de moisi dans la grande armoire… et cette maison muette ? Et personne, après, pour la faire vivre et la continuer ? Alors, il était entré dans la ferme des Landiers.
– Bien le bonjour mon Voisin.
– Et quel bon vent vous amène ?

Et puis ils avaient parlé, longtemps, sans témoin.
Et personne ne sut ce qu’ils s’étaient dit.
Personne ?
Un peu Marion tout de même, qui, grimpée sur une chaise s’accrochait à la lucarne (non ! elle n’était pas curieuse mais elle avait entendu le nom de Jérôme…).

Et puis les deux hommes s’étaient attablés et avaient trinqué à la bonne entente.
Et Marion avait pleuré de joie dans son tablier en sortant les verres et le grand pichet d’étain.

Nous aurions voulu savoir davantage, mais le reste, sacrebleu, la mémée se le gardait.
En compensation, elle nous remettait la petite boîte qu’elle avait toujours en poche.
C’était la boîte à réglisse. On la vidait chaque jour et elle était toujours pleine. Magique et intarissable, elle allait avec les contes. La mémée la secouait d’un air attentif pour entendre le grelot des petites crottes noires, puis concluait, rassurée :
– Ah ! ces nains de la montagne !
– Ah ces nains de la mémée qui remplissaient à la fois sa tête d’histoires et la boîte de bonbons – et en qui il fallait croire, car sinon, bernique, ils ne reviendraient jamais !
Mais y’avait pas de risque ! Les lèvres noires de réglisse nous nous envolions en criant en chœur :
– Merci bien les nains ! A demain, Mémée.

Edito de Novembre 2018

Edito de Novembre 2018

Paul « a fait » la guerre de 14, il en est revenu. Il a épousé, Louise son amour de jeunesse. L’itinéraire de son long périple du côté des Dardanelles était encore épinglé à l’intérieur de la porte haute du buffet, peint en blanc, qui sentait bon le gros pain qu’on y gardait dans des torchons de toile rude.

Il le regardait sans doute, parfois, n’en parlait jamais… c’était toujours sous nos yeux quand on prenait une tasse dans le buffet, familier et mystérieux pour moi… un trait autour d’un dessin qui figurait la mer… parfois des zones en pointillés, des noms inconnus…

Jusqu’à sa mort, il a salué le poilu du monument, tous les matins, en sortant de son jardin… un voisin me l’a encore dit, il y a peu… soulevait-il sa casquette ? parlait-il un peu avec lui ? le regardait-il seulement d’un œil fraternel ? fleurissait-il parfois la statue… Sans doute un peu de tout cela, des années durant, fidèlement, respectueusement.

Pépé Paul est mort un 11 novembre… clin d’œil au temps.
Echo de son silence sur cette drôle de guerre qu’il n’a jamais évoquée avec moi … mais je savais qu’elle était là, en lui.

Ce temps de commémoration résonne en éclats de cloches, éclats d’obus… tocsin et glas..

Anne,  Novembre 2018

 

« Et la guerre, juste à l’heure où l’on entreprend de vivre ?
Ce serait trop bête.
Ce serait si bête qu’il ne le concevait pas.

Le trop-bête était le fouet, le mors, l’étrivière qui corrigeaient le cheval quand il s’emballait. Le monde, quand même, n’était pas plus sot qu’un cheval mis au labour ! Peut-être qu’il s’emballait, mais il comprendrait, redresserait à temps, il n’irait pas jusqu’au trop-bête, il en aurait honte.

Pourtant, des guerres, il y en avait eu…
Les siècles en étaient remplis…
70 n’était pas loin avec sa rancune vive, mal lavée, mal affranchie.
Et les guerres se harponnent au-dessus du temps. On les croit chassées, mais, mine de rien, un invisible maillon reste là à se construire, à se ressouder, et puis un jour il est là, on le voit et il menace.

(…)

..la guerre restait là comme un chasseur à l’affût qui a tout son temps, assuré qu’il est de bien canarder sa grive dans l’innocence d’une heure. Et le fin collier des jours qu’était la vie de l’oiseau se romprait soudain …
Ces perles perdues dans le sang figé…
Gilles en avait froid aux veines. »

………

« Le curé sonna les cloches pour Gilles et Génie. Il les sonna sans mesure, il y en avait pour la mort, il y en avait pour la vie, toute cette vie avant, et cette misère bête qui s’y était ajoutée par la faute des vivants, comme si l’autre misère qui tombe imparable ne suffisait pas à gâcher le monde. »

……..

« – Pourquoi tu fais pas la robe aux bleuets ?
– C’est le deuil, Jacquou.…

Les petits avaient 7 ans maintenant, ne comprenaient toujours pas. La mort, passe encore, c’était une absence. Mais le noir ? Pourquoi le noir? C’était déjà pas si gai de perdre les gens !… et la guerre était finie depuis trois années et leur mère était en noir comme si la guerre n’était pas finie pour elle »

(…)
Extraits de « Loïse en sabots »

 

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PS En Octobre,  il y a eu une lecture à la Bibliothèque d’Allex :

et une belle rencontre, les échanges ont été riches en émotions.

Extraits de Textes mêlés:  pour enfants et adultes , « Steve et le chien Sorcier », « l’instant Exact » et « La sente terminière »,  passages inédits de « Anne des Collines ».

 

Edito de Octobre 2018

L’Edito d’Anne

Edito d’octobre

D’une lecture l’autre, la rencontre de St Avit, riche en émotions diverses, entremêlant nature, lecture, musique, mots et images a précédé d’une semaine celle d’Allex, qui  se profile, pour le 6 octobre. Rendez-vous à 17 H à la Bibliothèque.

D’un samedi l’autre, l’association est active !

A St Avit, la marche du village à la rivière, la Vermeille, toute proche de l’endroit où elle rejoint la Galaure, nous a amenés à un pique-nique sous les peupliers qui chantaient leur houle.
Le vent était frais mais le soleil clément.

Quelques notes de violon et deux extraits de Loïse en sabots et Paul et Louise, du temps où ils étaient enfants et s’égayaient au bord de la rivière, dans le bois de Suze ou au moulin, gardant les chèvres ou gauchissant le chemin prévu de détours buissonniers où les sabots se cassaient souvent !

Nous avons rejoint les souvenirs d’antan, croisé un joli champ de potimarons, saisi l’image de charmants lampions égrenés, longé la Vermeille, grignoté des poires St Martin et cassé quelques noix tombées.

Remontés au village, l’après-midi, nous avons pris le temps de nous rejoindre, et regardé ensemble le petit film, documentaire, consacré aux souvenirs de Lucien Barthélémy.
« Mémoires vives en Drôme des collines » se compose de deux volets: « Lucien l’homme qui aime les dates » est le premier.
Le second est en préparation et nous espérons finir le montage pour Novembre !

A la fin de la projection (et durant !) les réactions et commentaires sont allés bon train ! et d’autres souvenirs évoqués pourraient bien nourrir un troisième volet, tant ils foisonnaient, alertes et partagés !

L’année déroule ses pas, entre chaleur et vent frais, surprises, caprices, retrouvailles avec feuilles rousses et crocus vifs qui surgissent aux premières gouttes de pluies.

La lecture d’Allex mêlera écrits pour enfants et pour ado, « instant exact » et inédits autour des contes… peut-être aussi quelques extraits de la sente terminière, selon l’écoute et le désir du moment ! je me laisse cette liberté d’improvisation !

En cette entrée d’automne, nous envisageons déjà l’année 2019, en lectures et diverses participations.

Edito de septembre 2018

Edito de septembre  2018

Pour paraphraser Anne Pierjean, l’été fut « plein de mouvements, de rencontres, de visages » ! je ne reprendrai pas à mon compte le « trop plein» qu’elle y ajoutait. Je dirai à la place, qu’il fut dense, surprenant, enrichissant, émouvant et joyeux.

Fin Août ouvre des perspectives nouvelles aux projets de l’association.

Pour commencer par le début de l’été : comme prévu, nous avons animé, en Juillet, durant 15 jours, un stand en hommage à Anne Pierjean à l’exposition de la Chapelle des Cordeliers, Turbulences des Arts

Les photos témoignent entre autre des liens entretenus avec l’Association Atelier des Pixels, stand voisin à l’expo et, surtout, photographe des lecture

Les belles rencontres ont commencé durant cette expo : à l’occasion des lectures tous les soirs, de la participation de lecteurs amis et d’une soirée avec les auteurs exposés, à échanger sur l’écriture et partager nos textes.

Le petit challenge des lectures suivies de « Marika » et de « Jean de Bise »(« lecture offerte » selon le terme désormais utilisé par les enseignants) s’est avéré un vrai bonheur, et les lectures d’extraits divers, de livres édités ou d’inédits, ont permis de présenter la diversité des écrits d’Anne Pierjean.

Le public n’était pas assez nombreux, mais la qualité des rencontres a largement suppléé à la quantité !

La plupart des auditeurs ne connaissaient pas APJ et se sont montrés enthousiastes et séduits par son écriture.

Certains, la connaissant, ont été fidèles presque chaque soir, ou émus de la retrouver et de l’évoquer.

 

Quelques nouvelles adhésions à la clé… et des projets de lectures partagées, à concrétiser peut-être en 2019 avec un autre auteur exposant!

Dans un autre registre, et suite à la lecture de Mirabel (« les guerres ont fait des trous »), j’ai reçu une invitation à la commémoration de la mémoire de Nancy Bertrand, résistante assassinée à Crest en août 44, « Le temps de Julie »(évoquant la même période historique et la résistance) ayant touché les organisateurs : le 23 août, j’ai ainsi représenté autant Anne Pierjean (qui fut institutrice à Gigors en 44) que l’Association.

S’en est suivie une autre invitation à une exposition sur la guerre de 14-18, à St Uze… le 26. Août. Une belle exposition (encore visible jusqu’à mi-septembre), qui faisait aussi place à d’autres auteurs.s.

La journée se terminait par un lâché de colombes, comme la lecture de Mirabel se terminait par un verre de la Paix.

Surprise dans un premier temps, j’ai réalisé pleinement , à ces occasions, que le roman de « Loïse en sabots », qui illustre avec intensité la guerre de 14, et « Le temps de Julie » qui rappelle les douleurs de celle de 39-40, inscrivent très légitimement leurs témoignages dans ce chemin de mémoire.

Se croisent dans ces journées, hommages ou expos, des personnes et associations diverses, animées par un même désir de transmission et de mémoire.

 

A chacune de ces invitations, j’ai rencontré ou retrouvé des personnes qui ont connu Marie-Louise Robert, avant qu’elle ne devienne Marie-Louise Grangeon et Anne Pierjean : voisins de la ferme qu’ont habité « Paul et Louise », habitants de Gigors ou de ses environs qui ont connu la jeune institutrice qui débutait en ces temps de deuxième guerre, autres auteurs, autres témoignages et angles de vue.

L’émotion était au rendez-vous !

Les échanges ont été emplis de sympathie, fructueux aussi, soulignant l’enrichissement des rencontres et des croisements d’intérêts.

Août passé, les vacances s’achevant, nous retrouvons les perspectives de septembre :

Tout d’abord notre participation au Forum des Associations de Crest, le 8, de 10 à 18 H : rendez-vous à partir de 10H, à l’espace Soubeyran.

Nous serons heureux d’exposer ouvrages, flyers, photos, et de parler de notre association, de ses projets de lectures et de participation aux actions locales.

Puis une lecture-pique-nique à St Avit, près de la rivière (Galaure ou Vermeille), le 29 septembre à partir de midi.

Rendez-vous à la Bibliothèque Anne Pierjean-Robert de St Avit, à 11H30, avec votre pique-nique ! repas partagé, lecture au bord de l’eau et une surprise en fin d’après-midi !

Nous continuerons à tisser, là, ce fil d’amitié et de partage qui nous relie chaque année autour des livres d’Anne Pierjean, à la bibliothèque et au club des anciens.

Bonne rentrée, bons projets, et rejoignez-nous nombreux pour cette nouvelle année associative !

Edito de Juillet 2018

Edito de Juillet 2018

Le cadre était beau, le temps aussi, l’accueil chaleureux et les spectateurs concentrés, attentifs et nombreux : merci à
l’Association MIRABEL de cette soirée !

La lecture à Mirabel, au vieux village, a rassemblé un public de personnes qui, pour la plupart, découvraient Anne Pierjean .. L’idée m’est venue qu’il serait bon de programmer ce genre de lecture théatralisée sur plusieurs dates ! et de prolonger les échanges après, les discussions qui se sont engagées promettant de belles rencontres…

Déjà l’été galope et les prochaines lectures se préparent assidument : l’Association participera à Turbulences de Arts, du 13 au 30 Juillet en proposant un stand en hommage à Anne Pierjean et des lectures quasi quotidiennes à « l’heure du conte », le soir à 18H30, sur la terrasse haute de la Chapelle des Cordeliers.

Ces lectures dureront environ 30 mn. Elles commenceront le 15 Juillet et seront faites par deux lecteurs chaque soir (sauf les 17 et 24, dates où d’autres manifestations seront proposées : concert et rencontre des auteurs) :

Nous proposerons à chaque « heure du conte »

  • une lecture suivie de deux romans, « Marika » et « Jean de Bise » : un « épisode » chaque soir, à la façon des lectures d ‘autrefois en classe !
  • et la lecture d’un extrait choisi, dans des oeuvres différentes d’Anne Pierjean, éditées ou inédites.

Un moment d’échange suivra.

En outre, la compagnie Zazie7 présentera en soirée la lecture théatralisée de Paul et louise : le 18 à 20H30, spectacle qu’elle nous avait déjà offert en 2017.

Les lecteurs qui participeront seront divers, et je les remercie pour leur disponibilité, leur engagement et la gentillesse dont ils font preuve…

Anne Pierjean, par ses écrits, fédère des énergies et une intensité qui me touche : merci donc aux compagnies les Alexandrains et Zazie7, et aux lecteurs de l’Association qui m’entourent de leur amitié, de leur motivation et de leur présence active : Elisabeth Voreppe, Christine Mallet, Jean-Pierre Tourraton, Laurence Acoulon… et tous ceux dont je sais le soutien, présents autrement.

Le mouvement amorcé en 2017 se continue et s’élargit, je remercie les amis du vieux Crest de nous offrir cette place dans leur exposition d’art et de poésie (Turbulence des Arts), et suis consciente du chemin que notre Association et ses projets ont déjà fait.

Août permettra la préparation de la lecture de Septembre à St Avit et d’Allex en Octobre…. Et tout d’abord notre première participation au Forum des Associations !

Bien sûr nous en reparlerons !

Un bel été en perspective, déjà en moissons et lavandes

Anne Grangeon

« J’habite, d’évidence, en ma haute saison et mon outre saison venue, tramée sur l’incassable fil forgé de toute éternité.
Je vis le jour qui est et son Avant et son Après ensemble, j’ai de la chance tout s’inter-pénètre et se porte dans une cadence commune : et la douceur des jours, encore, la rencontre des gestes tendres qui vous donnent la main et vous font place à la marche du jour… et l’approche infinie, si simple et évidente qu’elle sublime la joie et ne dérange rien, j’ai de la chance. »
tirée de Bloc-note, année 2000, « la haute saison »