Archives de catégorie : Edito

Edito de Mai 2023

Édito de mai,
Edito envolé…

L’édito de mai m’a échappé, envolé … Presqu’entièrement posé sur un papier, perdu, il n’avait que peu de choses à annoncer de l’actualité de l’association. Il parlait des derniers états d’avril et des tous premiers instants de mai, entre soleil, explosion des bourgeons, et nuages… de pensées au jardin, toutes occupées de printemps.

En ce mi-mai, il flotte dans ma tête, toujours pas transposé sur le site. Il reste imprécis et lointain …

Je me repenche sur l’absence actuelle de projets immédiats pour l’association, le soleil a disparu, il vente, il grisaille, il fraîchit… 

Pas de lecture prévue avant septembre…
Pourtant, au fil des ans,  nous avons fait moisson de jolis mots que nous aimons partager…
Pourtant la conviction demeure que le style d’Anne Pierjean passe le temps, ses thèmes aussi, qui brodent sur les réalités de la vie, où passé et avenir se confrontent au travers de peintures sociales et psychologiques pas si différentes que celles que nos présents nous offrent à penser :

Réalités des guerres, des différences, des caracolades de progrès qui insinuent parfois des misères nouvelles, des maltraitances, de la découverte de quartiers où le bonheur vacille, de la  solidarité à réinventer, de l’’eau qui se tarit et des savoirs des anciens qu’il faudra sans doute ré-apprivoiser…

 « Judith et l’eau vive », « Belle et Toni de nulle part », « un épouvantail pour Cathie et Marc » et autres livres Rouge et Or, pour les plus jeunes, m’étonnent par l’actualité -ou la pérennité – de leurs thèmes… Au travers d’intrigues et aventures qui peuvent paraître anodines, au premier regard, la vie des « héros » et d’une époque est abordée dans sa profondeur et la conscience de ce qui s’y joue en permanence.

A relire « Paul et Louise », « Loïse en sabots », « saute-caruche » ou  «le rosier blanc d’Aurélie », je retrouve les guerres qui font des trous, la découverte de la filiation et de la transmission, l’entêtement des hommes, les changements difficiles à opérer, les bouleversements intérieurs et les silences qui taraudent…

A relire les livres pour plus jeunes je retrouve les travailleurs déplacés qui charbonnent dans les forêts du Vercors, les sources qui s’assèchent, les villages qui se transforment, le désarroi des anciens qui ne trouvent plus leurs places, des enfants qui ont perdu racines et d’autres qui, entourés d’amour, découvrent les « manques » vitaux de proches incompréhensibles, secrètement malheureux … tout ce que l’humanité charrie comme les eaux d’un fleuve.

Il y aura bientôt le rendez-vous de la Bastelle où nous partageons nos découvertes et redécouvertes d’Anne Pierjean, tous les deux mois.
Ce sera le 21 à 18 H, comme d’habitude, au siège de l’association, et sans limite bien précises au-delà de 20 H, comme d’habitude aussi !

Nous aurions plaisir à voir de nouveaux convives, lecteurs ou curieux de découvrir ces écrits tellement riches et enrichissants, s’associer à ces petits bonheurs de l’instant et de toujours.

 

Anne

Edito de Avril 2023

Edito d’Avril 2023

Comme le cycle des saisons est rapide… arrive avril et ses merveilles au jardin… les caprices de mars ont préludé aux efflorescences d’avril…

Dans l’attente, je me suis amusée à relire mes éditos d’avril depuis le début de l’association, 2017 :
repères, ils m’apparaissent comme des « états généraux » du printemps inscrits dans le temps et j’ai vu se lever les souvenirs comme des bulles de savon au-dessus du jardin !

« La roue du temps tourne, impermanence et continuité se côtoient et s’animent bien ensemble » (avril 2022)

Celui d’ avril 17 m’évoque le mois de mars que nous venons de quitter… :

« A force d’ouvrir les yeux et de contempler à travers gouttes et giboulées, j’ai vu les premières feuilles dans le côteau !
Dans le pré piqueté de primevères, orchis, violettes et pervenches, le cerisier gonfle ses bougeons. A l’angle de la maison, le tulipier est auréolé de ses fleurs explosées, entre blanc et rose.

Printemps rebelle, râpeux, grognon, mais printemps !
Les trois becs ré-ajustent régulièrement leurs pentes blanches et les couchers de soleil sont  somptueux ces derniers soirs, ciels d’ardoise et doubles arcs-en-ciel sans modération, lumières crues d’entre averses… le pas à pas des jours qui nous amènent à Pâques. »

Continuer, brasser les émois, les traversées de saisons, les années qui s’ajoutent et mesurer, dans l’abstraction totale, le temps qui passe et se joue de nous, pétales de tulipiers jonchant le sol comme les paperoles envolées, brunies, brûlées ou conservées… Bruissements du temps.

Dans la répétition obsédante et légère des secondes, des minutes et des jours, vivre ce minuscule ébranlement à gauche de soi auquel nous sommes conviés… sans façon mais sans refus possible, en battements de cœur, uniques et inconscients de la vie qui s’écoule entre chacun…  de la vie sans retour qui s’égrène en permanence

Il y a longtemps Marie-Noëlle écrivait : nous ne serons plus jamais comme avant …
Et Anne Pierjean « nous ne repasserons pas par là »…

Bon avril… à déguster sans modération !

                                                                                                               *      

Edito de Mars 2023

Edito de mars

Un petit texte de presque printemps
Jasmin, Jasmine…
Jasmine,
sur mon doigt y’a la coccinelle
qui vient de la tulipe,
que je touche du pouce.

Vois,
derrière mon doigt y’a la tulipe,
derrière la tulipe y’a le prunier,
derrière le prunier y’a le pré,
derrière le pré y’a la forêt,
derrière la forêt y’a le monde…
Le monde au bout de mon doigt…
en passant par la tulipe,
par le prunier,
par le pré,
et par la forêt,
une coccinelle aux doigts,
Toi,
Moi.

A l’approche des bousculades de printemps, dans les rafales de vent froid et les flocons de neige égarés, je replonge dans les « Jasminotes », poèmes pour enfants, jamais édités mais aimés par les classes qui ont eu la chance de les lire.

Printemps des poètes, ronde des mots et des fêtes dans la tête, car les mots s’entourloupent à l’approche de l’équinoxe de mars… Dans l’attente, l’humeur en giboulées est légère et vagabonde, envalsée de projets qui verront peut-être le jour… ou peut-être pas ! à dessiner ensemble si le cœur vous en dit…

Nous en parlerons à l’AG de lundi !

Lundi, 6 mars, l’AG « tombe » sur le jour anniversaire de la naissance d’Anne Pierjean, par hasard ou presque !

Pas de lectures en vue… ça nous manque ! d’autant que certains attendent pour une captation de lecture … mais les mots ont leurs raisons ! pour les dire il faut qu’ils soient attendus, pour les dire bien il faut qu’ils soient entendus… ! qui nous attendra au détour du printemps ?

Une lecture, faudra-t-il en prévoir une dans le jardin aux beaux jours ?
Et laquelle ? personnellement, j’aurais bien envie de relire « des yeux bleu barbeaux » au temps des moissons et de la St Jean… reste un lieu à trouver pour ça!
Bien sûr, nous sommes toujours prêts à lire « Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie »… A bon entendeur … !

Quand nous ne lisons pas, d’autres rencontres de mots se trament… pour ma part, J’aborde à nouveau, à travers mes relectures d’archives, les contes et les « fantaisies », histoires courtes et parfois un peu mystérieuses, dont Anne Pierjean a jalonné ses pages. Je compulse au hasard, m’étonne de retrouvailles, classe et reclasse… archiviste fantaisiste, ouverte à tous les possibles, guidée par ce hasard « habité » auquel sans doute je tiens plus que tout car il m’a souvent conduite à des redécouvertes heureuses!

Elle semblait écrire partout et tout le temps ! lorsque le temps m’y emporte, je trouve des feuilles volantes, dispersées, des feuilles agrafées ensemble mais qui viennent parfois d’autres recueils désagrafés, des feuilles isolées dont les textes tronqués n’aboutissent pas … le morceau manquant réapparaîtra peut-être…

Les pièces du puzzle littéraire et graphique d’Anne Pierjean, interminable et interminé, invitent à une aventure où l’on peut se risquer de mille façons, pour le plaisir des mots, des images, des yeux parfois et du cœur !… et j’ai bien de la chance de pouvoir laisser aller mes pas dans ce sous-bois…  « le sol en est jonché, qu’on laisse… ».

En Février, les passeuses de mots ont lu Jean de Bise, des extraits bien sûr, à l’Atelier 8 : Lab-Oratoire de mots, à l’Eco-site de Eurre.

Elles ont bien lu, nos passeuses, conteuses et « ambassadeuses » (tiens, ça n’existerait pas !?), elles nous ont amenés vers l’émotion et les temps passés, vers Pontchanu… (tiens ça n’existerait pas ce village ?), en temps de sécheresse et de changements sociaux en sourdine (tiens, ça grondait, ça menaçait.. ça raillait, persifflait, souffrait, travaillait dur, apprenait, aimait, chantait, rêvait… )

Ce livre a été le dernier édité par Anne Pierjean. Il donne envie de lire ou relire, aussi, « les trois louis d’or de Maria »… Maria vivait non loin de là, et dans une période proche…

Le 21, nous vous espérons au Rendez-vous de La Bastelle, avec vos trouvailles de mots, les extraits que vous aurez piochés dans les livres d’Anne Pierjean et que vous aurez plaisir à partager ! Je vous fais confiance pour nous surprendre !

A très vite,

Anne

Edito de Février 2023

Février…
Un saut dans le temps avec  un extrait de « Les trois Louis d’Or de  Maria » :
Maria est à Pontchanu dans la maison des Valfond et son amoureux, Benoît, à Valence , à trois jours de marche, chez Noretti sur les bords du Rhône…

« Six mois.
Sans se voir une seule fois. (…)
Six mois.
On était en février 1755.
Il faisait un froid qui gelait les moineaux vifs sur le bord des branches.
Maria et sa patronne Aurélie, dans le coin de la fenêtre, avaient sous leurs pieds des chaufferettes de fonte au couvercle grillagé, pleines de braises rougeoyantes.
Et, de temps en temps, elles se penchaient pour désengourdir leurs doigts qui tiraient l’aiguille.
(…)
Comme une récréation, Aurélie disait souvent :
– Allons vers la cheminée. Respirons un peu de chaud. Et tu me reliras la dernière lettre de notre Benoît.
(…)
A Valence, la vie était plus mouvementée.
Et, ce matin-là –le 2 février 1755—Maître Noretti riait sur son seuil, droit devant sa porte, les mains au fond de ses poches, le nez fourré dans son col et son large feutre aux rebords ternis enfoncé sur ses oreilles.
– Fils ! dit-il soudain en ouvrant la porte, debout vivement ! le spectacle en vaut la peine !

Les « fils », Benoît et Joseph, couchés dans un coin de l’atelier derrière des rideaux,  sautèrent au plus vite au bas de leurs couches et s’alignèrent près de Maître Noretti.
– la porte ! cria Dame Noretti  depuis  sa cuisine sise au fond de l’atelier.
La porte se referma, vivement claquée par les deux garçons.
– regardez-moi ça ! clama le verrier

De mémoire de Noretti, on n’avait jamais contemplé chose pareille. Le Rhône était gelé..
Pris totalement au niveau de la terrasse du couvent des capucins. Et, sur cette glace, une file de bœufs arrivait du Vivarais, conduite par des bouchers. Des femmes suivaient avec leurs paniers d’œufs et de légumes qu’elles voulaient vendre en ville. Et tout le monde traversait le Rhône à pied sec ! ».

Cet extrait, tiré du livre « Les trois louis d’or de Maria », où l’on croise Mandrin, nous offre une incursion bien dépaysante dans notre histoire.
Nos quelques giboulées de flocons fin janvier et les températures actuelles sont encore loin du compte…(du conte ?).

Janvier a été animé pour l’association :

Deux lectures offertes de « Si je regarde par-dessus l‘épaule de ma vie … » :

A la médiathèque d’Aouste , nous avons inauguré une lecture d’extraits plus longs, accompagnée par Syfax, guitariste, qui nous a fait le cadeau d’improvisations douces et ajustées avec délicatesse aux mots de l’auteure.

La  petite bibliothèque de Montvendre  nous avait invités à une  participation aux nuits de la lecture qui s’inauguraient ce soir-là. Dans un cadre très intimiste,  nous avons dédié notre lecture à Christian Bobin, hommage dans l’hommage qui lui était rendu dans de nombreux lieux au niveau national.
La discussion chaleureuse, intéressée et « découvrante » a largement compensé le petit nombre de spectateurs !
Peut-être recommencerons-nous « chez l’habitant », l’idée a été émise et fera sans doute son chemin.

Une nouvelle expérience a été d’offrir un moment de lecture au foyer Louise Vallon devant quelques anciens :
lecture à deux voix de passages de manuscrits inédits *  : autour des mémées et pépés conteurs du temps de l’enfance d’Anne Pierjean en Drôme des collines.

Là aussi, la discussion après lecture a été émouvante.
Nous renouvellerons ces moments avec grand plaisir. RDV est pris!
* extraits de « Une enfance contée » et « Anne des collines » (des textes à retrouver sur le site).

Puis, la soirée de La Bastelle, le 21, a été l’occasion de fêter tout à la fois  la lecture, Anne Pierjean, Christian Bobin et… le Nouvel An lunaire !:
après les lectures de citations-hommages à Bobin et l’échange des sensations éprouvées à le lire, nous avons surfé sur le « coup de cœur-lecture» apporté par l’une d’entre nous : le livre jeunesse d’Anne pierjean « Un épouvantail pour Cathie et Marc ».

La lecture à voix haute du début s’est enchaînée (et déchaînée, ce soir-là !), de manière improvisée, chacun passant joyeusement le relais à son voisin ! : ce fut la (re)découverte d’un texte alerte, très vivant, rapide et drôle, qui nous a « embarqués » par sa surenchère de situations comiques, visuelles, proches de l’âge des enfants auxquels le livre s’adresse, ne laissant jamais retomber ses effets. Une écriture légère, et inventive, pleine d’humour de situation, d’observations fines et de tendresse.

Le rire et les souvenirs d’enfances que le texte réveillait en chacun se sont donc invités à la soirée pour se prolonger autour de la table !

Des projets pour Février : une lecture de l’Atelier Passeurs de mots est prévue le 22 février à 19 H à l’Atelier 8  (géré par l’Association Fusain Rouge) 

 Le 6 mars, l’AG permettra de faire le bilan annuel de l’Association et de discuter agréablement des projets !
Information à suivre !

A très vite !

Edito de Janvier 2023

Edito de Janvier 23

Après le conte de Noël, édité en 4 épisodes par le journal Le Crestois durant décembre, je ne résiste pas à la tentation de fêter le Nouvel An avec cet extrait d’un manuscrit inédit: « La Bastelle aux deux Marie » (un roman que vous trouverez en intégralité sur le site):

« Antonin faisait sauter les premiers bouchons.
Fantine tenait la main de Claudia qui allumait les bougies.
Toute la soirée passa comme un rêve jusqu’aux douze coups de la vieille horloge.
On s’embrassa sous le houx, on s’embrassa sous le gui, Bonne année ou Bona Anado, les coupes s’entrechoquèrent…
Antonin distribua serpentins et confettis et l’on alluma les feux d’artifice. Et des étoiles colorées constellèrent tous les yeux qui fêtaient le nouvel an.

Alors s’éleva la voix grave d’Antonin, doublée de la voix aiguë de Bruno – le plus vieux et le plus jeune de l’assemblée. Ils disaient en occitan, tendant leurs verres très haut, la phrase sacramentelle :

– À l’an que ven… e se siam pas mai… que siegem pas mens. (2)

Fanny rappela que dans son village on la disait un peu différemment mais que les vœux étaient bien pareils :

– Le vieil an n’est plus et le nouveau est venu, l’an prochain il s’en ira et que nous soyons tous là…

Dans la cheminée, on plaça sur les chenets le morceau restant de la bûche de Noël.

Au départ, à la Noël, c’était une bûche de mûrier, dense, sculpturale, faite pour résister au feu toute une semaine, pleine d’écorces et de nœuds, et des trous partout.
Au bout de six feux du soir, elle était encore assez importante pour chauffer une bonne heure de l’année nouvelle.
Les flammes l’attaquèrent de toutes parts.
Elles sortaient bleues de certains cratères.
Parfois, elles brûlotaient court, parfois elles semblaient s’éteindre, mais les braises se crevassaient, vibraient en lueurs furtives dans le charbon noir, jusqu’à ce qu’une traînée violine, brusque et éclatée, rallume l’incandescence, ensuite les flammes. »

(2)  A l’an prochain, et si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins… Phrase communiquée par Patrick, chanteur occitan.

*       *       *

Durant cette parenthèse suspendue (où, ici, les traditions provençales se perpétuent), partout dans le monde, la roue du temps tourne et, en attendant la lumière qui déjà grandit, on savoure l’instant, en famille, entre amis, jonglant entre bilans, vœux, souhaits et bonnes résolutions.
Ces quelques jours de décompte s’égrènent comme une respiration qui ralentit, attentive à se vivre intensément, consciemment, pour arriver aux 12 coups qui lanceront une nouvelle année.

Quelle soit belle… peut-on encore se détacher assez des réalités crues de la vie du monde pour se souhaiter, tout simplement, de traverser l’année nouvelle, sains, saufs et tranquilles, jusqu’aux douze coups qui lanceront, encore, l’année suivante ?

Demeurer vivants, au sens propre comme au sens figuré, en vie et en devenir, en conscience, en présence, en douceur, en paix…

A l’an que ven …

*       *       *

Notez Bien  le Calendrier immédiat de l’association  :

Le 13 janvier : lecture offert médiathèque de Aouste, 18H. Présentation en « version longue » de « Si Je regarde par-dessus l’épaule de ma vie »

Le 17 janvier lecture à 14 H, au foyer Louise Vallon, par l’atelier  «passeurs de mots » de l’association : morceaux choisis de « Jean de Bise » et « Paul et Louise »

Le 20 janvier : lecture à la médiathèque de Montvendre : 18h « Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie… »

Le 21 janvier : Rendez-vous de La Bastelle, de 18 à 20 H partages de lectures et découvertes d’APJ, comme d’habitude : prolongations des échanges autour du verre de l’amitié !

Merci à ces lieux de nous accueillir et nous faire confiance.

Et puis, en perspective : l’AG qui se tiendra le 6 mars entre 18 et 20 H à La Bastelle, siège de l’association. Pensez dès maintenant à noter la date sur vos agendas et à prévoir de renouveler votre adhésion !
Le poste de secrétaire sera à pourvoir, alors si le cœur vous en dit ! Hélène, qui l’assurait, a souhaité passer le relai. Merci à sa contribution attentive à nos activités.

 

Edito de Décembre 2022

Passionnément novembre….

Oui, ceux qui me suivent s’en souviennent peut-être, je n’aime pas vraiment novembre, pourtant j’ai souri ce mois-ci en longeant des champs de colza fleuris pour la seconde fois, et d’autres parsemés de têtes de tournesols éclatants, l’air ébahi de s’être aventurés si loin dans la saison… Alors j’ai traversé novembre un peu incrédule, pas convaincue d’y être, de petits bonheurs en petits bonheurs.

Les visites aux cimetières, les labours, les chrysanthèmes ébouriffées, les vignes jaunes et les arbres « roux comme pain cuit », puis les vins nouveaux ont amené mon esprit vers Saute-Caruche…

Ça commence comme ça :
« Passe à la Mairie, Saute-caruche, le Maire veut te voir.
Le Maire voulait le voir ? Saute-Caruche resta le pied en avant, marche suspendue.
(…)
Saute-Caruche y alla de cette démarche légèrement cahotée qui élançait le talon comme pour un saut et puis le pied retombait en pas ordinaire, mais l’épaule poursuivait et accusait

La lancée d’un bref soubresaut. On aurait dit -tiens !- qu’il traversait un labour hérissé d’énormes mottes -des caruches quoi !-  qui vous font marcher à tous petits bonds , comme les chasseurs ou les gens pressés qui tirent tout droit d’une ferme à l’autre, sans suivre les routes.
(…)
Le plus court chemin entre deux fermes voisines n’était certes pas la route.
Naturellement, au temps des récoltes, on les suivait, les chemins.
Seulement, pour les labours, c’était différent : un champ labouré, ça se traversait à saute-caruches – mais Romain Breton, labour pas labour, avait toujours l’air…Bref ! Saute-Caruche même sur les routes plates.

-Te voilà, dit le Maire, assieds-toi !
J’entre tout de suite au vif du sujet. Tu sais, dans le cimetière, la concession là à droite, derrière la grille ? Celle que personne n’entretient ?»… C’est la concession Bréton. Sa pierre est tombée. On a cherché les héritiers, il n’y en a pas. Mais Amélie, la dernière, elle a eu un fils….
Où est-ce que le Maire voulait en venir ? Si cette Amélie avait eu un fils, il y avait des héritiers. Il y en avait au moins un… .
-Ce fils, elle ne l’a pas élevé. Elle l’a mis à l’assistance. Mais il est vivant. Alors cette concession, elle est de son sang. Et on a pensé…
Romain se taisait, le Maire il a pensé quoi ?
-Ecoute, Romain, tu t’appelles bien Bréton ? Et tu es de l’Assistance ? Et le père de la mère d’Amélie Bréton s’appelait Romain ? Et le généalogiste a été formel : en t’abandonnant elle t’avait laissé son nom. Alors, cette concession, par le sang, elle est à toi.
-Vous en êtes sûr ?
-Je te le dirais pas sans ça … Les Desgrands voulaient l’acheter, la concession. On a regardé ce qu’il en était… C’était un achat à perpétuité…
Ecoute, les morts ça ne se vend pas. Je te le répète, par le sang ils sont à toi, même si, de leur vivant, ils ne t’ont pas reconnu.  Et j’ai voulu te le dire… Alors, cette concession, tu la gardes ? Est-ce que tu la prends ? Si oui, tu me l’entretiens. On marche vers la Toussaint et cette pierre tombée, ce coin pas entretenu, ça fait honte au cimetière, ça fait honte à la commune.
Une concession à lui ?
Et tous ces gens enterrés lui seraient une famille, là, dedans la concession ?  Et la dernière de morte, ce serait sa mère ? Amélie ? Elle s’appelait Amélie, la mère qui l’avait fait ? Et il apprenait tout ça, Saute-caruche-le-déraciné, sans que les platanes, roux comme pain cuit, au-delà de la fenêtre, en frémissent d’une feuille ?
(…)
Tous ces ancêtres qui lui arrivaient à la queue leu leu, remontant le temps, ça avait de quoi le déconcerter et l’estomaquer quatre ou cinq minutes. »

Voilà, ça commence comme ça, « Saute-caruche » d’Anne Pierjean!
Paru en 1977, c’est un roman pour ados que les adultes lisent avec plaisir… il est à la médiathèque de Crest, à la réserve (il faut donc le demander au bibliothécaire)… et nous sommes quelques uns, à l’Association, à pouvoir le prêter.

« Un livre sur le bonheur et la joie de vivre » dit la quatrième de couv, sur la filiation surtout, la découverte de la paternité et de tout ce que ça bouscule de se retrouver inscrit dans une lignée quand on a 50 ans et qu’on se pensait venu de nulle part…

Pour poursuivre un peu le plaisir de la lecture et fêter l’automne :

« Romain avait l’impression de commencer juste à vivre, de venir de naître aux autres, d’éprouver un grand besoin de jeter la vieille peau close de partout, de la voir s’ouvrir, de vouloir durer.
C’était bon, chaud et trouble. Un peu comme ce que l’on ressent quand le vin nouveau « claque »  sur la langue et qu’on le goûte en famille, frais sorti des cuves, au fond du cellier.
On a oublié le goût de l’autre vin qui finissait par sentir un peu le tonneau. Ciel ! que le nouveau est bon, même tout grelet, tout vif… il est encore la vendange. Il possède cette force et cette puissance des sucs tout nouvels et à peine transformés. Il est sève dans la bouche. Et la cuve, là, bouillonne des sèves de tout le vignoble. On en devient vigne. On en perd tous ses bois morts. »

Au Café-Bibliothèque de Chabrillan, le 20 novembre, la lecture d’extraits de « Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie » a permis à quelques nouveaux lecteurs de découvrir Anne Pierjean  avec une émotion qu’ils ont tenu à dire et de déguster, aussi, le vin nouveau en continuant le partage.

A la Bastelle, au Rendez-vous du 21 novembre, quelques anniversaires ont été fêtés, vins nouveaux et anciens partagés, les échanges de souvenirs et de textes choisis ont fait germer l‘idée de proposer au Crestois la publication du conte de Noël (inédit) lu ce soir-là … Dès le lendemain, ce fut chose faite et la proposition immédiatement acceptée : « Premier Noël » paraîtra donc en épisodes dans les prochains numéros du Crestois, à partir de décembre !

Bonheur de ces rencontres qui aiguisent la créativité de chacun et merci à ce collectif convaincu, véritable famille de lettres, qui démultiplie l’écho de cette écriture et relaie les initiatives.

L’année se finit donc en beauté, avec des perspectives de lectures en janvier et la sensation que des pistes nouvelles n’en finissent pas de se tracer …

Actualité

Une envie d’un moment de pause, en tranquillité et amitié , à voix feutrées  et complices ?

                                         Dimanche 20 novembre prochain,

une lecture vous sera  offerte au Café Bibliothèque à Chabrillan entre 5 et 7, entre tombée du jour et entrée dans la nuit, entre chien et loup, entre prose et poésie… :
« Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie » d’Anne Pierjean…

Des textes entre jardin de vie et compagnonnage avec la vieillesse, dans l’apaisement des tumultes, au pas à pas des jours, comme elle aimait l’écrire…

Puisqu’Elle nous a laissé ses archives, décantées et toutefois foisonnantes, puisque je suis sa fille, puisque j’ai eu l’émotion intime de composer avec ses notes, blocs-notes et lettres, un recueil qui, par moments, s’est écrit à quatre mains comme elle m’y avait invitée … j’aurai Joie à lire avec Claudine et Jean-Pierre des extraits choisis, et à évoquer ensuite avec vous les souvenirs qu’elle nous laisse et la saveur de cet héritage de mots, tellement porteurs, sereins et rassurants.

Elle fut institutrice un temps à Chabrillan, toute jeune maîtresse et maman pour la première fois, en 1944.
Elle a aimé ce village et tous ceux où ses remplacements l’ont conduite, dont elle m’a souvent parlé.
C’était en filigrane de sa vie, comme son émerveillement devant les enfants à qui elle enseignait et contait, pour qui elle a ensuite écrit avec passion, pour continuer « la classe » qu’elle ne leur faisait plus, pour faire durer la rencontre avec eux, essentielle.

Son histoire d’amour avec les mots, fut heureuse. Elle le savait et le disait, le savourait, en fin de parcours, avec une joie qu’elle nous a transmise : « l’écriture m’est souffle », écrivait-elle… ce souffle qui a soulevé les montagnes, les tumultes et les obstacles, a généré de multiples rencontres d’émotion et l’a portée, aux derniers pas,

« J’en appelle à la tendresse
Et je laisse couler.
(…)
Et le mot ouvre ses pétales,
Miracle de la Joie et de l’instant » APJ

Anne Grangeon, association Anne Pierjean, les mots et le jardin

Lecture offerte à Chabrillan, café-Bibliothèque, le 20 novembre 22 à 17 H

Edito de Novembre 2022

L’Édito d’Anne, novembre

Que dire d’un mois d’octobre qui évoque un printemps ? d’un changement d’heure qui insiste au fil des ans ? d’un novembre qui arrive en douce ? d’un Halloween qui frémit en bordure de Toussaint? d’une maison emplie de textes et souvenirs qui s’égrène en paroles à haute voix ?

Que dire d’inédit, de nouveau, de pertinent, de fertile … ?
La vie se fraye son chemin … d’un solstice à l’autre… entre surprises et reprises, rengaines et solos.

Novembre, pour l’association, verra la reprise d’un petit calendrier de lectures dans quelques bibliothèques alentour : entre celle qui se posera au Café bibliothèque de Chabrillan le 20 novembre, à 17H, et celle qui reviendra, en version longue, à la Bibliothèque d’Aouste le 13 janvier à 18H, d’autres dates s’installeront, non encore définitivement fixées…

C’est chaque fois une présentation du recueil « Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie », livre hommage à Anne Pierjean.
Chaque fois, l’occasion de retrouver sa voix et d’échanger ensuite impressions, émotions et souvenirs.

Nous serions heureux qu’un musicien ait, un jour, envie de mêler ses improvisations ou évocations musicales aux lectures que nous offrons dans le cadre choisi des bibliothèques, lieux de vie et de rencontres des mots. Invite.

Prochain rendez-vous de La Bastelle, le 21 novembre : entre dégustation de mots et de mets apportés, des invités élargiront le cercle. Je compte avec foi sur les rencontres pour créer des perspectives inattendues et de nouveaux chemins !

Les fins d’années augurent toujours des futurs qui s’inventent en leurs temps.

J’entends, en sourdine, ce « tout évolue, rien ne bouge… » qui revient en leit-motiv dans le début de « Anne des collines », comme une invitation à la valse et un rappel de la cadence du temps.

Lisez bien !

Edito de Octobre 2022

l’Edito d’Anne, Octobre

La ritournelle de l’automne s’est rapidement programmée en ce septembre. Aux premières pluies en écharpes de vent, le pré a reverdi, les crocus sont sortis et, du très chaud au presque froid, un bond nous a ramené vers nos couettes et l’appréhension d’un hiver que les économistes et politiques prédisent rigoureux.Embarquement précipité pour octobre !

Mais, édito oblige, Zoom arrière sur septembre :
Le Forum des Associations a permis des ventes de livres, des discussions chaleureuses, des échanges, des questions, des regards intrigués, prises de contact et intérêts croisés qui donneront peut-être lieu à de nouvelles perspectives.

Pour une association comme la nôtre, ces rencontres de rentrée ne sont pas synonymes de nouvelles adhésions. Il y est davantage question de projeter des lectures, de reprendre les projets amorcés au printemps dans diverses bibliothèques, de partager nos plaisirs de lire … d’imaginer de nouvelles pistes où s’aventurer.

L’Atelier « Passeurs de mots » a repris ses exercices à voix haute, sur divers textes, au gré des choix de chacun. « Petit conservatoire » de Claudine, très vivant et convivial, calé sur le cycle de l’année scolaire, il projette joyeusement, en sa rentrée, deux lectures en public : en février et en juin, perspectives et aubaines festives pour nous entendre raconter des histoires choisies dans le répertoire d’Anne Pierjean.
Nous vous tiendrons au courant!

La Bastelle continue d’accueillir ses rendez-vous bimestriels du 21.
Le 21 septembre a permis, selon l’habitude, d’échanger autour de courts passages aimés et lus à tous : « Jean de Bise », « Paul et Louise », Maria jonglant avec ses œufs de dinde et rencontrant Mandrin (début de « les trois louis d’or de Maria ») … les images s’enchaînant, la plume d’Anne Pierjean nous embarquant au-delà des réminiscences de scènes et de paysages de la vie d’autrefois vers la subtilité des sentiments et émotions des personnages décrits, on en a même chanté en patois … Avant de déguster vins et tartes variées !

Prochain rendez-vous le 21 Novembre:  Pour préparer vos lectures, je propose d’essayer de trouver dans les livres d’Anne Pierjean que vous lirez ou re-lirez, des passages où il est question d’ambiances d’automne, voire d’entrée dans l’hiver car la soirée se déroulera, c’est sûr, autour du feu !

Ces rendez-vous de la Bastelle sont aussi des temps de discussions et de mises en commun d’informations. De fil en aiguille, s’y construisent de nouveaux projets qui font la vie de l’association.
Ce sont des moments précieux où surgit, par l’apport de chacun, une richesse d’idées. (il me semble que la grand-mère de Claudine disait quelque chose comme ça : Il y a plus de choses dans la tête de deux que dans la tête d’un !)

N’hésitons donc pas à inviter de nouvelles personnes !

 

Edito de Septembre 2022

Edito de Septembre

Août en balade, en déconnexion, août à engranger des images et des mots, des sensations, des émotions et une chaleur pour tout l’hiver. Août à marcher et à lire, à penser, re-penser et projeter, initier, ré-initier, changer de paysages… Au décours, comme en sous-bois, l’idée s’est imposée d’incurver, à peine un peu !, la ligne de vie de l’association, la moduler, l’inventer encore, la compléter fidèlement à son esprit, la réfléchir au-delà, l’infléchir, emprunter des sentes et des rivières nouvelles avec leurs cailloux semés en gués à franchir…

Au bout de ses 5 années de vie, grâce à l’ensemble des rencontres, des lectures partagées et de la publication du recueil hommage, qui a marqué une étape importante, grâce à l’expérience des « rendez-vous de La Bastelle » et de celle de l’atelier « Passeurs de mots », l’association a grandi, une courbe s’amorce : l’envie d’élargir les chemins que nous parcourons ensemble, plus nombreux qu’au début, d’ouvrir les lignes de perspective, d’accueillir l’enrichissement qui s’est offert d’année en année.

Les évidences, qui se sont imposées au départ, se nuancent d’autres, à explorer. Les idées se complètent, une nouvelle étape se dessine (à vivre aussi intensément et simplement que la première !) :

L’écriture d’Anne Pierjean continuera de se transmettre tout en soutenant les liens avec d’autres écritures, peut-être d’autres arts … cette rentrée donne envie de souffler sur les mots pour les diffuser en éventail, mots panoramiques à partir d’un point de vue commun.

D’une écriture l’autre… D’une expression l’autre… Et l’envie de voir où cela nous mènera!

Transmettre nos lectures plurielles, les écritures aimées, rencontrées, s’appuyer sur nos actions-sœurs, partenaires, nos sensibilités croisées, aux mots et aux autres façons d’appréhender la beauté de la vie, en arts divers, expressions volatiles et prégnantes de ce qui nous touche…

Nous sommes devenus, en 5 ans, un collectif qui a poussé sur un terreau riche.
Laisser maturer ce qui pourra en émerger, y grandir. Le discuter, l’élaborer, le partager.

Nous avons abordé l’été avec des lectures projetées pour la rentrée, des dates à fixer au retour de vacances, la perspective du Forum des associations, le 3 septembre, la date du 21 septembre pour le prochain Rendez-vous de La Bastelle et celle du 14 pour la reprise de l’atelier de lecture à voix haute, Passeurs de mots, qui, lui aussi, a projeté de s’ouvrir et de grandir, avec ses propres projets.

Septembre va préciser toutes ces sentes à explorer, développer, affirmer… « Ensemencement, en semant, semant » … la vie se renouvelle, se fertilise, à chaque pas, transmise et imprévisible à la fois.

Nous allons nous retrouver, discuter, et proposer aux mois qui viennent d’enchaîner et broder sur les idées de cette rentrée !

Rendez-vous le 3 septembre au Forum des Associations à Crest : de 10 à 17 H !

Edito de Juillet 2022

Edito de Juillet

 

Juin nous a permis quelques belles lectures et rencontres dans les bibliothèques de St Avit, Eurre et Allex.
 

 
Les lectures de présentation du recueil ont séduit de nouveaux lecteurs, et favorisé les retrouvailles avec certains anciens, fidèles à se manifester. Ces villages ont connu Anne Pierjean, enfant, puis l’institutrice, qu’elle a été, et l’auteure installée à Crest.  L’émotion et la convivialité ont été aux rendez-vous. Les souvenirs s’égrènent avec tendresse, chaque fois, à l’évocation des histoires qu’elle racontait en classe, dont certaines ont la mémoire claire, et des dédicaces qu’elle faisait à la Librairie-papeterie Chalamel, rappelées avec émotion. La même ferveur me surprend chaque fois dans les yeux de ceux qui se souviennent et me parlent, avec leurs  regards d’enfants retrouvés…
 
Nous avons par ailleurs inauguré les lectures d’un conte « Des yeux bleu barbeau » (ou l’histoire de Céline de Bise) : De belles réactions des auditeurs, touchés par la poésie de l’écriture et une histoire brève où se profilent en perspective les thèmes chers à Anne Pierjean, filiation, transmission, tendresse, magie des fins qui ramènent chaque récit à la séduction d’un conte.
 
Céline est la grande sœur de « Jean de Bise », dont les aventures ont fait l’objet du dernier livre jeunesse publié par l’auteure en 1993. C’est donc une plongée dans le temps de cette famille, dans les années 1750… et le fond que l’on reçoit en plein cœur, en filigrane, reste très actuel.
 
L’atelier « Passeurs de mots » suspend son activité pour l’été et reprendra en Septembre.
Le verre de l’amitié a fêté l’arrivée des vacances pour des « passeurs » de textes très impliqués et appliqués, qui se retrouveront à la rentrée ! peut-être le groupe s’agrandira-t-il ?
A la veillée qui s’est prolongée, on a parlé de contes, encore, de poésie et de magie de la rencontre à travers les mots qui nourrissent l’imaginaire… une vigilance de tous à transmettre ce fil précieux, l’imaginaire conducteur, qui contribue à tisser la sensibilité aux émotions et la richesse d’une langue… on a peut-être parlé culture, finalement !?
 

 
Le prochain Rendez-vous de La Bastelle, le 21 juillet, permettra de fêter quelques anniversaires et de projeter les activités futures, tout en partageant nos plaisirs et découvertes des lectures qui nous relient à Anne Pierjean.
 
Petite suspension du temps pour une pause estivale, en août, et la reprise sera marquée par la participation au Forum des Associations, le 3 septembre. Comme chaque année nous y tiendront un stand !
 
Pour l’heure, la St Jean juste passée, je ne résiste pas à l’envie de la fêter encore en mots tirés d’un des livres jeunesse d’Anne Pierjean … un parmi ses livres à destination des ado qui confinent étroitement à la littérature adulte: « Le rosier blanc d’Aurélie », publié en 1992.
 
« Le mariage eu lieu le jour de la Saint-Jean, dans l’intimité.
La famille de Lalie était faite de trois femmes, et celle de Juste était plus petite encore, réduite à son père.
Les Daguet, priés par Juste pour la convenance, n’avaient pas osé venir à cause de l’Alexandre.
Toine les avait représentés. De toutes façons, Toine serait venu pour le mariage de Juste.
Le Toine avait la tendresse et la gaîté dans le sang et s’il y eut fête, ce fut grâce à lui.
 
Le soir, tous les jeunes du pays cernèrent les Ronciers avec des guirlandes, des torches et des rubans de Saint-Jean.
Enfin, ils frappèrent à l’huis.
La mariée mise au courant quelques jours avant par Toine, arriva très vite, suivie par le Juste.
Dans le cadre de lumière ouvert par la porte, ciel qu’ils étaient beaux, les jeunes mariés ! Il y eut une ovation, des embrassades, des rires. Ils se tenaient par la main. On réclama qu’ils s’embrassent. Des poignées de riz, des poignées de fleurs tombèrent sur eux. Une petite fille offrit un bouquet d’épis et Toine chanta Les blés d’or, debout sur un banc de pierre.
Puis les violoneux attaquèrent des farandoles.
Au centre de l’aire on posa plein de corbeilles de brioches, de massepains, de bugnes, de fougasses, sur de grands tréteaux couverts de draps blancs que le vent du nord faisait palpiter de vagues creusées de bleu de lune.
Et Toine offrit le fagot du feu de Saint Jean.
On franchit le feu qui trouait la nuit de hautes flammes rouges, frangées de bleu et de jaune et d’une fumée pourprée qui montait bien droite.
 
La robe blanche de Lalie s’élevait comme deux ailes et s’enroulait, retombant aux jambes de son homme qui avait sauté, bien du même pas.
Cent fois ils recommencèrent au milieu des rires.
Cent fois la même cadence, cent fois la même promesse que se disent les amoureux de la Saint-Jean : « Je t’aime et je t’engage ma foi ».
Et cent fois ils s’embrassèrent, les yeux remplis de tendresse. »
 
photo des blés
 
Bon mois de Juillet et à bientôt
 
anne