L’édito d’Anne
avril 2021
Une gerbe d’agir, des fourmis dans les jambes pour courir aux mille appels du jardin, c’est avril et le ton est donné.
Le vent a soufflé fort, froid, longtemps, à l’abord du printemps, les cimes emblanchies autour… puis les températures ont grimpé et l’enthousiasme des oiseaux s’est éparpillé avec leur pari de recréer. Deux pies ont longuement aménagé leur nid au sommet du pin…
Au pré fleuri, ça jabote, jasote, sifflote, cajole, caracoule, craquote, parlote, papote ! ça roucoule, ça se réjouit, zinzibule, flûte et picasse.
Ainsi, Pâques se profile et si les dates de lectures publiques se posent toujours plus loin, le recueil « Si je regarde par-dessus l’épaule de ma vie » de Anne Pierjean finit de se construire, son prix est fixé : 15 €.
Pour aider l’Association à lancer son impression, nous vous proposons de transformer votre réservation en souscription : j’y reviens très vite, pour vous indiquer comment procéder.
Pour l’heure, entre les joies éclatantes du printemps, les réminiscences d’autres mots, échos qui résonnèrent toujours en Anne Pierjean : deux moments d’avril, évoqués dans « Anne des Collines », où se sont joué naissances et mort dans l’enfance de l’auteur :
« 15 H. Un vendredi saint dans une envolée de cloches qui partaient à Rome pour le dire à tout le monde, à Dieu et au Pape, aux montagnes et aux vallées, à la vie et à la mort.
Et puis les cloches se turent tout le samedi saint.
Et puis elles revinrent le dimanche de Pâques pour un Dieu ressuscité, mais papa resta sur son lit de mort, beau et aussi froid qu’un marbre.
Et l’on enterra Michaut pour le lundi saint qui était aussi la fête du village.
Et les cloches, alors, purent sonner tout leur glas.
Le glas de la mort, venu du fin fond des âges.
Marie l’écoutait, saisie, martelée de plus loin qu’elle et portée, aussi, par bien plus grand qu’elle.
Elle se taisait sans bouger, comme pour ne pas donner prise.
Pourtant, elle aurait hurlé avec les chiens du village pour n’être plus elle, juste un animal qui brame sa peur et oubliera tout, le glas suspendu. »
…
« Un jour, c’est le mois d’avril, Marie revient de l’école. Cette fois elle a cinq ans. Devant la maison, la voiture du médecin. (…) La mémée est très malade.
Marie demande tout bas « elle va pas mourir au moins? ».
Papa l’ignore. Il berce Marie et il dit en même temps des choses paisibles sur la mort et sur la vie.
Après tant d’années, Marie voudrait bien réentendre, exactes, les paroles de Michaut, les intonations, le son de la voix.Mais elle n’a gardé que le sentiment de cette heure là, doux et de sérénité, une autre minute close qui s’est, ce jour-là, semée au creux d’elle pour trouver un jour son heure d’éclore.
L’enfance, Marie le sait maintenant, est une terre floue, truffée de graines dormantes. »