31 Août 2020

« Paul et Louise » est le premier livre de ce qu’Anne Pierjean appelait sa trilogie dauphinoise.

En hommage à sa mère Louise et son père Paul, elle l’avait écrit après s’être imprégnée longuement de rencontres avec les anciens de leur village et des villages proches, au cours de veillées où elle les avait longuement écoutés…

C’est un hommage à leur génération, un hommage à la terre, et à l’amour qui traverse les générations et les drames en y inscrivant la vie dans toute sa force.

Ainsi parlaient-ils, mi-patois mi-français, de ce qu’avaient été leurs vies avant 1914, pendant, au-delà et à l’arrière de la guerre.
Ainsi s’est inscrite, dans ces trois livres, une chronique d’un temps passé mais qui nous parle encore, et fort.

En émotions, angoisses, en perceptions et intuitions, humaines… en sentiments profonds et simples comme l’amour, la peine, la solidarité, l’entr’aide, le sentir de la terre, et, en-dessous, la sensation, à fleur de peau, de s’inscrire comme un maillon dans la chaîne de l’histoire… qui brise, parfois, et parfois construit, va de l’avant, en tous cas.

« Paul et Louise » est d’abord une belle et forte histoire d’amour qui commence dans l’enfance… « ils s’aimèrent sans le savoir… ils s’aimèrent et le surent »)

Après ce « Paul et Louise » il y eut « Loïse en sabots », un autre versant de cette guerre… et la mise en abîme d’autres amours, d’autres guerres… celles qui « font des trous » comme le dit un des personnages … il s’agit encore de la guerre de 14, et des paysans à l’arrière (le garde qui passe dans les campagnes, un crêpe noir au képi, pour annoncer un deuil dans une ferme… et ceux qui le regardent passer, appréhendent son passage…).
Le récit ne nous épargne rien de l’impensable de la guerre vécue à l’arrière, celle-là ou une autre (préfigurant un autre livre « le temps de Julie » où il s’agira de la guerre de 40)… mais il le fait en mots qui suggèrent un au-delà des faits, décrivent en orfèvres les sentiments et font apparaître en filigrane ce que chacun est, au fond de lui-même, faisant exploser parfois l’horreur de l’incertitude au quotidien, ou le bonheur animal d’une naissance comme l’insoutenable d’un deuil.

Plus tard, dans « Saute-caruche », c’est de paternité qu’il s’agit, de découverte des racines et des secrets qui changent la vie du tout au tout.

La lecture de « Paul et Louise » dans le cadre du jardin cher à Anne Pierjean, a permis à certains de découvrir une auteure et aux autres de la retrouver. J’espère qu’elle aura donné à tous le plaisir et l’envie de la lire ou relire.

Au temps de cette trilogie, parue entre 1975 et 1977, aux Edition G.P, rééditée ensuite en Castor Poche (et dont Louise aura eu le temps de lire le premier livre), des critiques littéraires reconnus comme Marc Soriano et Raoul Dubois, envisageaient qu’elle pourrait entrer dans le domaine de la littérature classique.
« Paul et Louise » eut 5 Prix prestigieux.

Ce sont des textes à lire et entendre au rythme de son cœur, en prenant tout le temps d’en savourer les mots.

Anne G

 


Accueil à partir de 18 H,
le temps de vous installer confortablement!
à La Bastelle, 47, avenue Agirond à Crest

Lecture dans le jardin mais masques recommandés tout de même.

Parking proche:  champ de Mars

L’ Edito d’Anne