1er Décembre…
On ouvre avec les enfants et petits-enfants la première fenêtre du cahier de l’Avent !
Pas à pas vers Noël, des pas bottés un peu lourds et insistants, en lumières enguirlandées, fééries programmées, fenêtres animées et merveilles à concocter !
Pour l’heure, il pleut. Novembre est entré dans son costume de grisaille et joue son rôle à merveille ! le ciel qui s’ébroue souvent n’empêche pas le bonheur des feuilles de lumière.
Tournent, tournent les surprises, soleil et pluie s’embrassant, s’embrasant, se perdant et se retrouvant entre les nuages, fraîcheur et chaleur comme tirées au sort, imprévisibles et joueuses.
Les couleurs sous le gris demeurent somptueuses.
* * *
Concrètement, l’association prépare une lecture et sa participation à deux projets avec écoles et bibliothèque, début 2020 : participation régulière à un projet pédagogique à l’école d’Eurre (sous différentes formes, à l’intérieur de classes de CM, durant quelques semaines) et participation à la Nuit de la lecture à l’Ecole Anne Pierjean, événement public, le 17 janvier à partir de 19H30.
Depuis quelques temps, un petit groupe de lecteurs se réunit régulièrement pour choisir des textes à lire, composer un florilège de textes d’Anne Pierjean, plutôt poétiques, échanger et se heurter avec délices à la difficulté de faire passer les mots !
Il nous faudra, en son temps, trouver un lieu où présenter publiquement ce moment choisi, de préférence au printemps.
En Janvier, se tiendra notre Assemblée générale avec la nécessité de renouveler le Bureau. Celles et ceux qui aimeraient participer activement à la vie de l’Asssociation seront les bienvenus et peuvent me contacter pour raffermir nos rangs !
Aujourd’hui, j’offre en partage, pour cet automne déjà bien avancé, un texte d’Anne Pierjean, sorti de ses cartons. Il s’agit d’une lettre à de lointains lecteurs-amis.
Pensées d’automne
L’automne m’est précieux comme une fin de floraison -un total de floraisons peut-être?- un achèvement somptueux et superbe de ce que promit le printemps et de ce que fut l’été.
Dans le soleil et dans le vent, les arbres ont vécu notre vie, à leur place essentielle d’arbre, qui respire pour nous sans que nous y pensions.
Ils ont courbé l’échine sous l’orage, attendu les pluies avec les mêmes soifs que nous avions en promenade quand l’étape est lointaine où se désaltérer.
En les regardant assoiffés, j’en ai aimé les pluies, les brumes, l’absence de soleil qui pansaient leurs écorces et qui lavaient leurs feuilles. Et j’ai aimé les boues qui faisaient vivre leurs racines -et je n’ai été que merci quand, me promenant en forêt, je prenais leur souffle vert et qu’ils me parlaient de la vie.
Et l’automne s’en vient dans le ruissellement des lumières plus tamisées, la forêt est plus calme et nous arrive l’instant magique où chaque feuille quitte l’uniforme vert de l’été pour prendre sa couleur unique, son habit mordoré de fête : elle va se reposer.
Et le vent qui dénudera les arbres pour l’hiver offrira à la feuille sa première évasion : un vol libre dans la lumière, une fraction d’instant de lumineuse liberté après sa longue attache, son incessant travail.
Je n’ai jamais reçu une feuille d’automne détachée de son arbre sans être générée de vérités premières, simples et émouvantes.
Feuille superbe feuille morte, tu me parles de chrysanthèmes et de repos bien mérité, et tu me dis que tu t ‘effaces pour la jeune promesse du printemps qui nous reviendra dans un cycle où tu meurs, où tu retournes en terre pour que les arbres recommencent.
En attendant, je te regarde. Tu es or, tu es cuivre, tu es vermeil et incarnat. Tu es de cuir et de lumière. Tu es la vie.
Et je te veille, toi qui viens de finir ta belle existence de feuille, qui révèles si bien la plénitude des automnes, toi qui es unique et superbe comme tu ne le fus jamais.
Anne Pierjean
à mes amis de Niederbronn, 26 octobre 1995.