Edito de septembre 2019
Les semences continuent de m’arriver à leur heure, je relis ce texte ce matin et l’offre en partage sur le site. Il résonne particulièrement au moment où je pense à préparer le Forum des associations.
Nous y tiendrons un stand, le 7 septembre, toute la journée : j’espère vous y rencontrer nombreux.
Le pas convergent
Dans l’aire j’ai marché sur la paille encore chaude
et j’ai pris le grand van d’osier
y ai posé ma sachée
de mots glanés en javelles* éparses.
Les pieds sur la terre battue, de mes deux bras levés
je secoue le grand van tendu :
le vent en chassera les fétus inutiles.
Rafale après rafale
s’envolent des nuées.
Dans le balan du van
bien peu reste de la sachée, à peine
une poignée de mots..
mais à l’empan exact de ma main aux doigts écartés.
Je réchauffe cette poignée entre l’à-plat de mes deux paumes
et je lui donne essor vers des levains possibles.
Alors si tu le veux, nous irons au moulin ensemble
et nous pétrirons les farines où reste le reflet
des pailles enlevées,
du bleu dur des barbauts,**
de la flambée des coquelicots.
Et nous y trouverons le mystérieux vertige
où lire et écrire s’engendrent dans le foisonnement
des couleurs de rencontre
des parfums partagés
de la cène servie.
J’ai tant vécu de ces appels offerts
m’y suis tant abreuvée que ne puis que chanter
la force du pas convergent qui s’en vient un
et puis s’échappe mille.
Anne Pierjean, Juillet 2001
*brassées de blé qui demeurent à sécher au sol avant d’en faire des gerbes
**les barbauts sont les bleuets, en « parlé » de la Drôme des collines