Edito d’Avril 2020

Ce que l’on est ? Qu’importe.
Le temps est révolu. Transmettre
le DIRE, en mots épars
mais d’un seul cri.
Ce qu’est le cri ? Qu’importe
seule la chaleur compte.
Garder les mains nues
et ouvertes.

Anne Pierjean

Ce mois de mars a passé si étrangement. Si vite aussi. Je n’arrive pas à réaliser que nous sommes à deux pas d’avril.

Pourtant le printemps est bien là et je l’ai célébré tous les jours, éblouie de ses instants successifs…
Pourtant le tulipier a déployé son voile rose puis ses feuilles vert tendre…
Pourtant tour à tour les arbres fleurissent et les tulipes pointent et les pivoines se préparent, rouges pointes aiguisées qui sortent vivement de terre, robustes.

Le temps est suspendu bien qu’il s’écoule et passe.
Il est irréel et je le regarde, incrédule.

J’ai cru écrire un journal de confinement et j’ai tant lu et entendu que je ne l’ai pas fait.
Il me semble vivre deux temps parallèles dont un ne s’imprimerait pas…

L’isolement qui dure installe dans un drôle de mouvement intérieur, repli, craintes, pensées confuses …

Je n’aime pas sortir… aller déposer mes poubelles à 50 m me fait peur… je recule chaque jour au suivant… rien ne presse que de rester à l’abri… un abri totalement fragile, se protéger, protéger les autres, respecter, préserver, opérer, choisir, trier, définir les priorités… fouiller au fond de soi.

Une émotivité fleurit, fugitive et vive au bout de mes cils pour des presque rien, un mot, une image, un mouvement sur le net, des paroles offertes…
Signal de tout ce mouvement souterrain qu’il ne faut pas négliger.

Anne en mars 2020

et puis…