Edito de Juillet 2022

Edito de Juillet

 

Juin nous a permis quelques belles lectures et rencontres dans les bibliothèques de St Avit, Eurre et Allex.
 

 
Les lectures de présentation du recueil ont séduit de nouveaux lecteurs, et favorisé les retrouvailles avec certains anciens, fidèles à se manifester. Ces villages ont connu Anne Pierjean, enfant, puis l’institutrice, qu’elle a été, et l’auteure installée à Crest.  L’émotion et la convivialité ont été aux rendez-vous. Les souvenirs s’égrènent avec tendresse, chaque fois, à l’évocation des histoires qu’elle racontait en classe, dont certaines ont la mémoire claire, et des dédicaces qu’elle faisait à la Librairie-papeterie Chalamel, rappelées avec émotion. La même ferveur me surprend chaque fois dans les yeux de ceux qui se souviennent et me parlent, avec leurs  regards d’enfants retrouvés…
 
Nous avons par ailleurs inauguré les lectures d’un conte « Des yeux bleu barbeau » (ou l’histoire de Céline de Bise) : De belles réactions des auditeurs, touchés par la poésie de l’écriture et une histoire brève où se profilent en perspective les thèmes chers à Anne Pierjean, filiation, transmission, tendresse, magie des fins qui ramènent chaque récit à la séduction d’un conte.
 
Céline est la grande sœur de « Jean de Bise », dont les aventures ont fait l’objet du dernier livre jeunesse publié par l’auteure en 1993. C’est donc une plongée dans le temps de cette famille, dans les années 1750… et le fond que l’on reçoit en plein cœur, en filigrane, reste très actuel.
 
L’atelier « Passeurs de mots » suspend son activité pour l’été et reprendra en Septembre.
Le verre de l’amitié a fêté l’arrivée des vacances pour des « passeurs » de textes très impliqués et appliqués, qui se retrouveront à la rentrée ! peut-être le groupe s’agrandira-t-il ?
A la veillée qui s’est prolongée, on a parlé de contes, encore, de poésie et de magie de la rencontre à travers les mots qui nourrissent l’imaginaire… une vigilance de tous à transmettre ce fil précieux, l’imaginaire conducteur, qui contribue à tisser la sensibilité aux émotions et la richesse d’une langue… on a peut-être parlé culture, finalement !?
 

 
Le prochain Rendez-vous de La Bastelle, le 21 juillet, permettra de fêter quelques anniversaires et de projeter les activités futures, tout en partageant nos plaisirs et découvertes des lectures qui nous relient à Anne Pierjean.
 
Petite suspension du temps pour une pause estivale, en août, et la reprise sera marquée par la participation au Forum des Associations, le 3 septembre. Comme chaque année nous y tiendront un stand !
 
Pour l’heure, la St Jean juste passée, je ne résiste pas à l’envie de la fêter encore en mots tirés d’un des livres jeunesse d’Anne Pierjean … un parmi ses livres à destination des ado qui confinent étroitement à la littérature adulte: « Le rosier blanc d’Aurélie », publié en 1992.
 
« Le mariage eu lieu le jour de la Saint-Jean, dans l’intimité.
La famille de Lalie était faite de trois femmes, et celle de Juste était plus petite encore, réduite à son père.
Les Daguet, priés par Juste pour la convenance, n’avaient pas osé venir à cause de l’Alexandre.
Toine les avait représentés. De toutes façons, Toine serait venu pour le mariage de Juste.
Le Toine avait la tendresse et la gaîté dans le sang et s’il y eut fête, ce fut grâce à lui.
 
Le soir, tous les jeunes du pays cernèrent les Ronciers avec des guirlandes, des torches et des rubans de Saint-Jean.
Enfin, ils frappèrent à l’huis.
La mariée mise au courant quelques jours avant par Toine, arriva très vite, suivie par le Juste.
Dans le cadre de lumière ouvert par la porte, ciel qu’ils étaient beaux, les jeunes mariés ! Il y eut une ovation, des embrassades, des rires. Ils se tenaient par la main. On réclama qu’ils s’embrassent. Des poignées de riz, des poignées de fleurs tombèrent sur eux. Une petite fille offrit un bouquet d’épis et Toine chanta Les blés d’or, debout sur un banc de pierre.
Puis les violoneux attaquèrent des farandoles.
Au centre de l’aire on posa plein de corbeilles de brioches, de massepains, de bugnes, de fougasses, sur de grands tréteaux couverts de draps blancs que le vent du nord faisait palpiter de vagues creusées de bleu de lune.
Et Toine offrit le fagot du feu de Saint Jean.
On franchit le feu qui trouait la nuit de hautes flammes rouges, frangées de bleu et de jaune et d’une fumée pourprée qui montait bien droite.
 
La robe blanche de Lalie s’élevait comme deux ailes et s’enroulait, retombant aux jambes de son homme qui avait sauté, bien du même pas.
Cent fois ils recommencèrent au milieu des rires.
Cent fois la même cadence, cent fois la même promesse que se disent les amoureux de la Saint-Jean : « Je t’aime et je t’engage ma foi ».
Et cent fois ils s’embrassèrent, les yeux remplis de tendresse. »
 
photo des blés
 
Bon mois de Juillet et à bientôt
 
anne