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Edito de Février 2020

Une marée d’amandiers en fleurs, là-bas, embrassée ces derniers jours, dans ce sud où je garde quelques racines.

Les chatons des noisetiers, ici, dans le jardin où les primevères ont percé tôt. La saison reste fraîche mais chaude en même temps, aux mi-temps de journées surprenantes de lumière… de cette lumière intense qui caresse les branches rosissantes et attise les bourgeons.

Tout se prépare au printemps, déjà… l’air balance et chuchote ses souffles devant un ciel d’ardoise, du côté du Diois. Il siffle le froid d’ailleurs, pris aux montagnes.

Le dos contre un mur, je savoure l’instant, un lézard file entre les pierres.

L’assemblée générale 2020 se tiendra le 8 février, à 14H30, à La Bastelle, 47, avenue Agirond, à Crest .

Bienvenue à tous ceux qui ont envie de partager bilan et projets, selon les coutumes !…
… Et une petite surprise pour clôturer l’après-midi avant le verre de l’amitié.

Un texte d’Anne Pierjean pour nous accompagner :

« Toutes ces voix qui se sont tues et qui savaient dire la joie de la rosée, du soleil et des fleurs… et des moments superbes où parfois toute pensée s’absente.

Car il arrive que penser n’a plus de sens tant Etre efface la matérialité du pas.

Se sentir Etre, un instant, intouchable, ineffable, impalpable, par l’intangible de la Joie qui vous enlève sur la complicité d’un rien… Un rien, mais on se trouvait là, en appétence, alors l’apesanteur, qui ne nous prend que disponible. »
                                                                                                écrit le 17 décembre 1999.

Nuit de la lecture du 17 janvier 2020

Une belle rencontre à l’Ecole Anne Pierjean lors de la Nuit de la lecture du 17 Janvier.

Nous avions soigneusement préparé des lectures, choisis nos textes avec attention, minuté nos temps de lecture, répété, répété, imaginé… puis préparé une présentation de l’auteure afin de compléter ce qui est inscrit dans le Hall, sur la plaque dévoilée en Décembre 2004 !

Nous avons été touchés bien au-delà par les réactions des enfants qui se sont peu à peu transmis le message durant la soirée et au fil de leurs déambulations d’atelier en atelier : tu connais Anne Pierjean ? sa fille est là … et qui sont venus vérifier comment c’est la fille d’une auteure dont l’école porte le nom !

Des yeux émerveillés, des questions en flopée, des invitations à revenir pour répondre, dans une classe ou une autre… certains enfants n’ont peut-être pas entendu les textes lus mais ils ont saisi quelque chose d’autre, essentiel, confusément ou clairement (car les questions m’ont ébahie), de l’ordre d’une transmission qui opérait… grâce à l’écriture et grâce à la lecture.

Le programme était alléchant, concocté par les enseignants des deux écoles, Maternelle et Primaire, qui jouait avec les mots, leur magie et leur espièglerie, leur fabrique et tous leurs possibles : il invitait au voyage 

                                                               Lecture en folie
                                                  Notre fabrique de phrases
                                                               Escale en poésie
                                                              Pluie de phrases
                                                       Des films, des frissons
                                                             Jeu d’écriture
                                        Albums racontés par les maternelles
                                                 Lecture d’Anne Pierjean

L’accueil a été joyeux, textes de Salvatore dès l’entrée, pour jouer avec les tables de multiplications, mots à double sens et autres conjugaisons, accompagnés par les musiques cadencées des Triambules.

Rires et applaudissements ont d’emblée été au rendez-vous pour lancer la balade libre entre les ateliers proposés par les enseignants et où les enfants avaient à jouer, écouter ou  montrer leurs réalisations à leurs parents.

Nous étions dans une classe spacieuse où nous avons pu exposer quelques livres d’Anne Pierjean et documents tirés de ses archives, manuscrits corrigés, histoire de ses écrits, exemples de son travail d’écrivain… et où nous avons installé notre scène de saltimbanques , des bancs autour !

Les extraits étaient drôles ou tendres, ou les deux, tirés de « l’école ronde » (dont une maîtresse avait déjà offert une lecture en classe), « Marika », « Cher Monsieur, Bégonia », « David et Sylvie au drôle de
pays », « Stève et le chien Sorcier » , « des bêtes pour Nane », et les enfants comme leurs parents se sont succédés à l’écoute.

En fin de soirée, dans le grand hall, une lecture a été faite par Claudine Delaine d’un morceau choisi de « Cher Monsieur Bégonia » : un extrait qui clôturait cette soirée d’amitié avec des mots comme savait les inscrire Anne Pierjean au fil de ses pages, savoureux, tendres, aiguisés de drôlerie et tissant, peu à peu, une émotion toute en douceur, de celles qui  s’accrochent imparablement à l’oreille et au cœur, mine de rien… une maîtresse avait bien annoncé qu’on avait même coutume, ici, de fermer les yeux pour mieux écouter !

Alors que tous rangeaient leurs affaires, des enfants se sont attardés autour de la rencontre avec écriture et lecture : « tu es Anne ? alors on sait que tu as des frères et comment ils s’appellent ! », « et où ils sont tes frères ? », « tu écriras sur nous, un jour ? », comment on écrit une histoire ? », « tu sais écrire un autographe ? », « tu habites dans le quartier ? » … Nous nous sommes quittés sur l’idée de se revoir, si les maîtresses le souhaitent, et ma promesse de répondre aux enfants qui auraient envie de me faire lire leurs récits de cette soirée !

Le printemps des mots était déjà en marche, ce chaleureux soir de janvier !

Anne G

Edito de Janvier 2020

L’Edito d’Anne

Janvier 2020

Un simple rappel, à cet an que ven : « La Bastelle aux deux Marie » est en ligne, dont le sous-titre est A l’an que ven… !! ouvrez vite le site pour cette lecture de circonstance !

Le manuscrit a été publié sur notre site tel qu’Anne Pierjean l’a laissé. Il est en cours de dernière re-lecture pour le mettre « en forme » selon les normes exigée.

Il offre déjà le plaisir de lire un conte pour adultes, aux premiers frimas de Janvier, dans un pays provençal un peu imaginaire, un peu crestois, de partout et de nulle part, comme savait les décrire Anne Pierjean qui a mis, dans ce manuscrit, beaucoup d’elle en filigrane…

Elle écrivait en page de garde, d’une écriture manuscrite à l’encre bleue :
J’ai écrit cette histoire pour moi et l’ai souvent relue comme un réconfort.
Il y a, je crois, un peu de vrai dans ce beau rêve.

Cette histoire est aussi une confidence que je voulais vous faire : J’aime les maisons comme cette Bastelle... Toute ma vie j’aurai tenté de créer la mienne” ...

Elle faisait vivre, ici, par ses attentions à tous, saisons après saisons, son désir que sa maison ait quelque chose de cette Bastelle, « ressourçante », où les blessures pouvaient venir se réparer… mine de rien.

Notre année va s’inaugurer par une participation à la nuit de la lecture à l’école Anne Pierjean, le 17 janvier : soirée offerte par les enseignants et la bibliothécaire aux enfants de l’école et à leurs parents.
Ce sera l’occasion d’offrir à l’Ecole quelques livres nouveaux à ranger  dans sa bibliothèque (où il est constaté que les élèves empruntent souvent « Marika »), et d’informer un peu les enfants : pourquoi leur école porte ce nom, qui était Anne Pierjean, qu’ écrivait-elle et  comment … ?

Un petit groupe de lecteurs se prépare pour cette lecture, avec soin et plaisir, depuis quelques semaines.

Le projet pédagogique à l’école d’Eurre, a été un peu décalé : il débutera en février et se poursuivra comme prévu sur 7 ou 8 semaines. Il se clôturera par une présentation publique aux parents, au printemps… la date sera, bien sûr, précisée en temps utile !
En cette année où la lecture orale est mise à l’honneur dans les établissements scolaires, nous allons avoir le plaisir de lire ensemble !

Un florilège de textes poétiques d’Anne Pierjean, publiés ou non, plutôt ceux pour adultes, se prépare aussi assidûment avec l’aide de Claudine Delaine et ses talents de mise en scène. Le lieu et la date d’une présentation devrait se définir lors de la prochaine AG qui se tiendra le 7 Février prochain à 18H 00.

Elle sera l’occasion d’échanges fructueux, comme l’an dernier, je l’espère, et se terminera autour des spécialités de chacun ! à grignoter ensemble.

Ce sera un moment de bilan et de projets, d’échanges et de rencontres autour de l’écriture et de ce qu’elle transmet.

Je vous souhaite une belle année, chaleureuse et ouverte, pleine de santé, riche en lectures, rencontres, créativité et échanges

Anne

Pense-bête :
A. G. le 7 février à 18 H,  
Chez Anne Grangeon : La Bastelle, 47, avenue Agirond, Crest

Edito de Décembre 2019

1er Décembre…
On ouvre avec les enfants et petits-enfants la première fenêtre du cahier de l’Avent !

Pas à pas vers Noël, des pas bottés un peu lourds et insistants, en lumières enguirlandées, fééries programmées, fenêtres animées et merveilles à concocter !

Pour l’heure, il pleut. Novembre est entré dans son costume de grisaille et joue son rôle à merveille ! le ciel qui s’ébroue souvent n’empêche pas le bonheur des feuilles de lumière.

Tournent, tournent les surprises, soleil et pluie s’embrassant, s’embrasant, se perdant et se retrouvant entre les nuages, fraîcheur et chaleur comme tirées au sort, imprévisibles et joueuses.

Les couleurs sous le gris demeurent somptueuses.

*               *               *

Concrètement, l’association prépare une lecture et sa participation à deux projets avec écoles et bibliothèque, début 2020 : participation régulière à un projet pédagogique à l’école d’Eurre (sous différentes formes, à l’intérieur de classes de CM, durant quelques semaines) et participation à la Nuit de la lecture à l’Ecole Anne Pierjean, événement public, le 17 janvier à partir de 19H30.

Depuis quelques temps, un petit groupe de lecteurs se réunit régulièrement pour choisir des textes à lire, composer un florilège de textes d’Anne Pierjean, plutôt poétiques, échanger et se heurter avec délices à la difficulté de faire passer les mots !

Il nous faudra, en son temps, trouver un lieu où présenter publiquement ce moment choisi, de préférence au printemps.

En Janvier, se tiendra notre Assemblée générale avec la nécessité de renouveler le Bureau. Celles et ceux qui aimeraient participer activement à la vie de l’Asssociation seront les bienvenus et peuvent me contacter pour raffermir nos rangs !

Aujourd’hui, j’offre en partage, pour cet automne déjà bien avancé, un texte d’Anne Pierjean, sorti de ses cartons. Il s’agit d’une lettre à de lointains lecteurs-amis.

 

Pensées d’automne

L’automne m’est précieux comme une fin de floraison -un total de floraisons peut-être?- un achèvement somptueux et superbe de ce que promit le printemps et de ce que fut l’été.

Dans le soleil et dans le vent, les arbres ont vécu notre vie, à leur place essentielle d’arbre, qui respire pour nous sans que nous y pensions.

Ils ont courbé l’échine sous l’orage, attendu les pluies avec les mêmes soifs que nous avions en promenade quand l’étape est lointaine où se désaltérer.

En les regardant assoiffés, j’en ai aimé les pluies, les brumes, l’absence de soleil qui pansaient leurs écorces et qui lavaient leurs feuilles. Et j’ai aimé les boues qui faisaient vivre leurs racines  -et je n’ai été que merci quand, me promenant en forêt, je prenais leur souffle vert et qu’ils me parlaient de la vie.

Et l’automne s’en vient dans le ruissellement des lumières plus                         tamisées, la forêt est plus calme et nous arrive l’instant magique où chaque feuille quitte l’uniforme vert de l’été pour prendre sa couleur unique, son habit mordoré de fête : elle va se reposer.

Et le vent qui dénudera les arbres pour l’hiver offrira à la feuille sa première évasion : un vol libre dans la lumière, une fraction d’instant de lumineuse liberté après sa longue attache, son incessant travail.

Je n’ai jamais reçu une feuille d’automne détachée de son arbre sans être générée de vérités premières, simples et émouvantes.

Feuille superbe feuille morte, tu me parles de chrysanthèmes et de repos bien mérité, et tu me dis que tu t ‘effaces pour la jeune promesse du printemps qui nous reviendra dans un cycle où tu meurs, où tu retournes en terre pour que les arbres recommencent.

En attendant, je te regarde. Tu es or, tu es cuivre, tu es vermeil et incarnat. Tu es de cuir et de lumière. Tu es la vie.

Et je te veille, toi qui viens de finir ta belle existence de feuille, qui révèles si bien la plénitude des automnes, toi qui es unique et superbe comme tu ne le fus jamais.

Anne Pierjean
à mes amis de Niederbronn, 26 octobre 1995.

Edito de novembre 2019

Je trouve dans un livre de Pierrette Fleutiaux un passage qui traduit bien ce que je ressens et cette idée que j’ai eue de faire écho à l’écriture d’ Anne Pierjean : les livres ont une vie, flottent entre deux temps, entre deux vies, entre deux strates de conscience, disparaissent et ressortent parfois… :

« Sous les livres publiés, il y a tout un océan où circulent les manuscrits en transit, lancés comme des bouteilles à la mer. Les manuscrits vont et viennent poussés par des courants mystérieux, comme dans toutes les affaires humaines. Parfois, ils sombrent dans les grands fonds, et on n’en entend plus parler. Parfois, ils se maintiennent entre deux eaux, repêchés puis relâchés par un éditeur ou un autre, passant de mains en mains, s’enfonçant lentement comme à regret. Alors on peut espérer que le prochain manuscrit de la même fratrie aura plus de chance, l’aîné ayant laissé une trace dans un esprit ou un autre, qui s’en souviendra. Et parfois, aussi, l’un de ces manuscrits flottants se trouve soudain ramené à la surface par un courant favorable, et voici que quelqu’un s’en empare et se réjouit de sa prise : plus d’hésitation, le livre sera publié. » (BonjourAnne, Acte Sud, 2010).

Ma quête, mon objectif à la création de l’association : faire ressurgir un temps l’écriture d’APJ, donner une vie plus officielle à des manuscrits entraînés vers l’oubli, leur offrir une chance, peut-être, de rencontrer anciens et nouveaux lecteurs, sensibilités et littérature continuées… 

Octobre lumineux, octobre chaud et torrentiel par moments, octobre excessif, les fleurs écrasées par l’été parviennent à leur floraison, tardive et lumineuse, la nature reprend un cours serein, rafraichie par les nuits et les rosées. Les tiges fânées avant d’avoir vécu, leur épanouissement suspendu au trop chaud de l’été, retrouvent un allant, grimpent et s’accrochent, fourmillent de ramifications nouvelles, papillonnent et résonnent de vibrations d’abeilles… efflorescence des asters aux milles pétales, remontée des rosiers et épanouissement tardif des hibiscus, en même temps que les crocus signent brièvement aux prés la venue de l’automne. Et le soleil éclabousse sa lumière lavée, épurée, transparente, et les couchants s’offrent des fantaisies incandescentes, des flamboiements surréalistes aux décrochés des montagnes, et la chaleur crue nous étonne et ravit.

Novembre arrive. Va-t-il nous surprendre, en gris feutrés, en pluies fines, en brouillards et chrysanthèmes vifs, en froid discret mais déterminé, en soirées sombres et scintillements humides des rues le soir ? … il y a comme une impatience de l’hiver dans les magazines et les affiches, où les fêtes se profilent déjà…

Apprécier les mi-saisons, les interstices, les temps de répit et de plaisirs placides, sans les émailler, les encadrer ou décorer de fêtes… Bonheur d’avancer pas à pas au temps des jours sans extra, sans décors de théâtre, sans événements d’exceptions, au temps des levers et couchers de soleil, des nuages et des rayons qui percent, sans plus … sans sauter de dates en dates, de fêtes en fêtes, de projets en projets.

Aimer le pas à pas des jours, leur douceur ordinaire… Mais les jours ordinaires ne le sont jamais, ordinaires, si on prête regard à leur inventivité, à leurs lots de surprises, à leurs éclairages impromptus, aux rencontres et sensations inattendues qu’ils offrent, au temps fluide qui les constitue, nous échappe et nous emporte comme une rivière… rien ne sera jamais plus comme avant, pourtant tout est à chaque instant, et les témoignages du temps demeurent à saisir.

Alors, s’asseoir au bord du chemin et contempler, observer, ressentir le flux qui nous transporte, vite, trop vite !… poser la main, juste la poser, et laisser l’eau glisser, parfois saisir un souvenir de passage et le déguster.

Edito de Octobre 2019

Edito de Octobre

Entre jardin et maison, il y a les mots laissés. Leur abondance et leurs résonances.
Je mesure pas à pas le trésor de ces pages d’une mère qui fut attentive au temps qui passe et qui savait que ses mots me rejoindraient un jour.
Ils m’accompagnent à cette saison de ma vie, tendres et sereins.

De « l’été fut trop vert et trop chaud » à « Galaure, en mes repos toujours infiniment présente », il y a une multitude de textes, manuscrits et poèmes, et il y a ce recueil de l’automne 98, fait de dessins à l’encre et de quelques uns de ses textes intercalés : « Tâches d’automne ».
Quelque chose d’une sonate …
Je feuillette et je savoure ce chant de vie mille fois recommencé, en éclats choisis, sertis de fleurs rousses :

« Une porte a été franchie.
Déjà, je suis plus loin.
(…)
Je suis allée échanger cela avec le jardin et sa réponse est bouleversante : un iris de printemps, rose doux, sa hampe a trois énormes fleurs superbement hors de saison, superbement réponse. »

Dans le jardin, sur le pas de la maison qui fut sienne, je n’ai pas trouvé d’iris rose …  mais les crocus sont au rendez-vous de l’arrière saison, émaillant de jaune intense la terre encore sèche de l’été… éclats de vie sortis des premières rosées fraîches de septembre, qui rient et se bousculent au pré comme marque-pages du temps , ils disent le temps qui passe et se répète inlassablement.

Edito de septembre 2019

Edito de septembre 2019

Les semences continuent de m’arriver à leur heure, je relis ce texte ce matin et l’offre en partage sur le site. Il résonne particulièrement au moment où je pense à préparer le Forum des associations.
Nous y tiendrons un stand, le 7 septembre, toute la journée : j’espère vous y rencontrer nombreux.

Le pas convergent

 Dans l’aire j’ai marché sur la paille encore chaude
et j’ai pris le grand van d’osier
y ai posé ma sachée
de mots glanés en javelles* éparses.

Les pieds sur la terre battue, de mes deux bras levés
je secoue le grand van tendu :
le vent en chassera les fétus inutiles.

Rafale après rafale
s’envolent des nuées.

Dans le balan du van
bien peu reste de la sachée, à peine
une poignée de mots..
mais à l’empan exact de ma main aux doigts écartés.

Je réchauffe cette poignée entre l’à-plat de mes deux paumes
et je lui donne essor vers des levains possibles.

Alors si tu le veux, nous irons au moulin ensemble
et nous pétrirons les farines où reste le reflet
des pailles enlevées,
du bleu dur des barbauts,**
de la flambée des coquelicots.

Et nous y trouverons le mystérieux vertige
où lire et écrire s’engendrent dans le foisonnement
des couleurs de rencontre
des parfums partagés
de la cène servie.

J’ai tant vécu de ces appels offerts
m’y suis tant abreuvée que ne puis que chanter
la force du pas convergent qui s’en vient un
et puis s’échappe mille.

Anne Pierjean, Juillet 2001

*brassées de blé qui demeurent à sécher au sol avant d’en faire des gerbes
**les barbauts sont les bleuets, en « parlé » de la Drôme des collines

*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  * 

ECHOS du Forum des ASSOCIATIONS
du samedi 7 septembre à CREST

      

Edito de août 2019

Édito d’ Aout

En guise d’édito, un texte, poème, d’Anne Pierjean.

Par la maison plurielle s’évadant, aux soirs sereins, de la maison de pierre,

par la piste in-finie vers les quatre horizons filigranant le pas circonscrit quotidien,

par le verbe non-dit engrossant les paroles

et par le corps offert bien au-delà du don,

par tout ce qui prolonge et qui éternise,

DIRE les vertiges franchis sur les braises des routes,

par la pérennité du pas qui sème l’autre, harmonique et gardée,

dire les mourir, les renaître, en dépouilles tombées,

avec son temps franchi doublant le Temps franchi.

Puis, le cœur reconstruit de par ses échancrures

indéforgeablement reforgées de soleil,

face à un couchant rouge,

très doucement s’asseoir,

au seuil usé et chaud à la fraîche du soir.

Anne Pierjean, 1981

 

Ai-je dit que la maison d’Anne Pierjean porte maintenant le nom de La Bastelle ? (en hommage à un manuscrit inédit et à une maison qu’elle aimait).

L’actualité de l’association sera faite, à la rentrée,  de notre participation au Forum des Associations de Crest, le 7 septembre, toute la journée,  et d’une lecture à St Avit le 28 septembre, dont les modalités seront précisées.
Nous y reprogrammerons sans doute la projection du film « Mémoires vives en Drôme des Collines » en fin de journée.

Pour l’heure, c’est le calme repli dans un août que la maison habite. Les cigales sont au rendez-vous et le silence de la chaleur, unique.

Edito de juillet 2019

L’Edito d’Anne

Juin ou Juillet, je ne compte plus

L’été s’empare de nous en en force.
Les volets clos, l’été nous concentre aussi sûrement que le grand froid de l’hiver. Et le bonheur frais n’est dans le pré que le matin tôt, au pied du magnolia qui déploie de larges coupes de parfum…
Un autre bonheur est le soir au retour des grillons, leur chant séquencé me restaure et me régénère… ils avaient disparu durant quelques années et mon émotion de les retrouver me fait prendre mille précautions, surtout ne pas les décourager, qu’ils veuillent bien s’installer comme autrefois, m’accueillir et m’accompagner, comme au temps de mon enfance, dans le noir intense du jardin du soir..

Le jardin est un poème qui déploie ses rimes chaque jour… rimes libres en volutes, en pousses menues ou en efflorescences vivaces, en puissances aussi, comme les longues arabesques de la glycine sur mon balcon ou des bignones qui envahissent dès que j’ai le regard tourné, rapides comme l’éclair !
Que j’aime ce trop-plein de vie et ces fulgurances.

L’association végète, le travail de fond s’étire, le reste est en jachère… sans doute pour mieux trouver comment s’exprimer ensuite, comment libérer les mots que le temps pourrait effacer comme les traces sur le sable, à chaque lampée de vague.

Inscrits sur le papier ils pourraient pourtant s’effacer aussi, les mots d’Anne Pierjean, pilonnés par les modes, les renouvellements incessants, l’inflation des écrits.

J’ai foi en leur force et leur pérennité.
Des tapuscrits s’avancent dans leurs dernières corrections pour être offerts à lire, comme en habits de fête, contemporains dans leur prêt-à-imprimer (comme on dirait prêt-à-porter).

Merci à Alain Nesme qui s’est consacré à cette préparation minutieuse de la prochaine « collection » ! : « Anne des collines » a été restauré et « Une enfance contée » est sur son « métier » … C’est un travail minutieux comme celui d’un lissier, les fils entre-croisés sont parfois à resserrer d’un espace, ou d’une ponctuation « justifiée » …
Dans le jeu de navette de ce travail des yeux, où la lecture exige la connaissance de l’auteur et où se mêle compétences typographiques et informatiques, se glissent des émotions chaque fois renouvelées. Elles s’engouffrent ou s’amplifient, se retrouvent ou apparaissent, surprenantes, subjugantes parfois…

A chaque re-lecture, j’ai eu des chocs, des surprises ou des révélations et les re-lectures croisées nous enrichissent. Il m’arrive de penser que « je n’avais pas encore entendu ça comme ça ». Magie de l’écriture laissée et de l’échange autour.

« Nous ne repasserons pas par là », disait Paul… On ne repasse jamais, en effet, par le même chemin, même s’il est familier, connu, prévisible et que les pas s’y engagent sans penser… des résonances s’éveillent à la même lecture, nouvelles à chaque âge, à chaque moment, unique et sans retour, à chaque séquence de notre existence qui nous fait entrevoir d’autres angles de vue ou nous révèle d’un coup un détail « in-su ».

Au-delà, Merci à tous ceux qui laissent en partage des mots écrits, Merci à cet élan de vie qu’ils tendent à pleine voix, et à ces surprises qui nous attendent à chaque croisement d’une œuvre, qu’elle soit de mots, de notes, de gestes, de couleurs ou de formes.

c’est la période des festivals et ces passeurs là foisonnent  surprenantes, subjugantes parfois …

Edito de Mai 2019

L’Edito d’Anne

Mai, mai, mai….

Un extrait d’Anne des collines, en prélude à la projection qui aura lieu bientôt :  le 18 mai sera tôt là entre bourrasques et giboulées d’un mai fleuri mais un peu austère… j’espère vous y retrouver.

« Ma place fut semée dans une terre et ses saisons, son soleil et ses vents et l’amour qui me fit un toit entre des moissons et des prés et sous des arbres – ma prime enfance fut l’intégration pérenne au rythme des collines où avait vécu ma lignée.
Quels que soient les orages qui surgissent ensuite, cet ensemencement clignote, inextinguible, comme un repère et un sésame. »

Nous continuons la route.